Hier, des extrémistes juifs, des élus et un ministre ont pénétré la mosquée al-Aqsa. Avec l’aval de la police israélienne et sans que le gouvernement israélien ne les en empêche.
Il y a comme un air de déjà vu. Ce jeudi à Jérusalem-Est, plusieurs centaines d’Israéliens, décrits comme d’extrême droite ou de juifs fanatiques, se sont rassemblés pour la marche annuelle du « Jour du drapeau ». Au sons de slogans comme « Mort aux Arabes », ces manifestants se sont dirigés par la mosquée al-Aqsa. Alors que plus de 3 000 membres des forces de l’ordre encadraient la marche, ils ont laissé faire les ultrasionistes. Pire, selon plusieurs pays étrangers, les manifestants étaient placés « sous la protection de la police israélienne ».
Pourtant, il s’agit là d’une violation manifeste du droit international. Ces dernières années — en 2018 et en 2021 —, des résolutions ont été adoptées à l’ONU, appelant « à maintenir sans changement le statu quo historique » sur le lieu saint « Haram al-Sharif ». Le Waqf, sous l’égide de la Jordanie, est chargé d’administrer la vie quotidienne sur le Mont du Temple, et donc par conséquent au sein de la mosquée al-Aqsa. Depuis les années 1960, il est autorisé aux non-musulmans de visiter le Mont du Temple, pas pas d’y prier.
L’an dernier, l’observateur permanent de l’État de Palestine à l’ONU estimait cependant que « les extrémistes et les colons juifs ne se contentent pas de visiter Haram al-Sharif, ils cherchent à en prendre le contrôle ». Surtout, il déplorait que, « lorsque les forces israéliennes leur fournissent une protection pour entrer sur le site, elles le font sciemment ».
Netanyahu laisse faire
Autrement dit, la police protègerait, voire aiderait, les extrémistes à violer le statu quoi du lieu. « Israël n’a aucune autorité sur les lieux saints de Jérusalem, la zone de Jérusalem-Est est une terre palestinienne occupée », rappelle de son côté le ministère jordanien des Affaires étrangères.
Pourquoi le gouvernement israélien ne transmet-il pas des directives claires à la police, dans ce sens ? Tout simplement parce qu’il est complice. Parmi les centaines de marcheurs, hier, on trouvait d’ailleurs un ministre — Yitzhak Wasserlauf — et des membres de la Knesset. Autant dire que l’appel de la Turquie au gouvernement israélien, « pour qu’il ne permette pas de telles actions provocatrices » risque donc d’être vain.
D’autant que les policiers n’en sont pas à leur première violation du droit international. En avril 2022, des policiers avaient pénétré dans la mosquée al-Aqsa et aligné des musulmans face contre terre. En avril dernier, la police a encore décidé de lancer l’assaut dans al-Aqsa. Comme en 2021 d’ailleurs.
Hier, c’est même plus que du laisser-faire qui s’est passé : la police avait indiqué que, « contrairement aux fausses publications sur internet et aux tentatives d’incitation, la marche ne devrait pas passer par le Mont du Temple ou ses portes ». Un mensonge éhonté qui montre qu’il s’agissait là d’une tentative de manipulation de la part de la police, alors que le député Moshe Gafni avait appelé le Premier ministre Benyamin Netanyahu à empêcher l’ascension des élus sur le Mont du Temple. Mais le Premier ministre n’a pas daigné appeler ses élus pour les prévenir des risques d’embraser la situation.