Ils sont six hommes, parmi lesquels un cadre et un surveillant de la prison de Fresnes, deux détenus et un aumônier juif, à avoir été placés en garde-à-vue. Le centre pénitentiaire de Fresnes, dans le Val-de-Marne, est l’un des plus grands de France. Et un véritable réseau de corruption interne à la prison y a été démantelé.
Arnaud Mimran, un proche de Netanyahu
Les membres du personnel de la prison auraient été enrôlés par deux détenus plutôt célèbres : le premier, Arnaud Mimran, est considéré comme « l’escroc du siècle ». Impliqué dans le scandale de l’escroquerie à la TVA sur la taxe carbone, Mimran a également avoué avoir offert 1 millions d’euros au Likoud, le parti de Netanyahu. Il avait d’ailleurs prêté au Premier ministre israélien son appartement à Paris. Le second, Eric Robic, avait écrasé une Israélienne à Tel-Aviv en 2011 avant de prendre la fuite.
Que s’est-il passé derrière les barreaux du centre pénitentiaire de Fresnes ? Le cadre, le surveillant et l’aumônier auraient accordé un traitement de faveurs à plusieurs détenus juifs et sont soupçonnés, pour cela, d’avoir touché de l’argent. Ils auraient notamment laissé les détenus téléphoner à l’aide d’un téléphone portable ou encore proposé d’accélérer des demandes d’aménagement de peine.
Une association cultuelle juive qui jouait un rôle de banque
Les faits sont graves : voilà un an que l’enquête a été lancée et, à ce jour, plusieurs centaines de milliers d’euros auraient été saisies lors de perquisitions aux domiciles des suspects, mais également à l’intérieur de la prison. A l’extérieur du centre, un troisième homme — Fabrice Touil, également acteur incontournable de l’escroquerie à la taxe carbone — est également accusé d’avoir fait transiter l’argent jusque dans le bureau du directeur de division de Fresnes.
Outre l’aumônier juif régional d’Île-de-France, les enquêteurs indiquent qu’une association cultuelle juive pourrait avoir joué un rôle dans les transactions financières. Les proches des détenus soupçonnés finançaient cette association.
Dans un rapport de 2012, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté expliquait que, dans le centre pénitentiaire de Fresnes, « le rabbin vient rencontrer la communauté juive des trois divisions le mardi matin » et « chacun peut rencontrer
individuellement le rabbin. » Selon le Contrôleur, « les personnes détenues se plaignent régulièrement auprès du rabbin de problèmes concernant la nourriture kasher, le changement des draps, la distribution de serpillière, les promenades exigües, les parloirs qui sont une ‘étuve’ l’été et le problème des salles d’attente. » Les enquêteurs ont été alertés de l’existence de ce réseau de corruption par des détenus qui ne supportaient plus les différences de traitement à Fresnes entre prisonniers.