Le ministre de l’Agriculture était auditionné, mercredi, par la commission d’enquête parlementaire sur l’abattage. Il est resté très évasif sur la question de l’abattage rituel.
« En tant que ministre et laïc, je n’ai pas à porter de jugement » sur l’abattage rituel. Voilà, en une phrase, résumée l’audition de Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, devant la commission d’enquête parlementaire « sur les conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français. » Ce mercredi, à l’Assemblée nationale, le ministre a fait part des conclusions d’une enquête faite par ses services après les alertes de l’association L214 sur les conditions de maltraitance animale dans les abattoirs.
Un rapport sur l’abattage rituel en septembre
Stéphane Le Foll a indiqué que 259 établissements avaient été contrôlés, soit 460 chaînes d’abattage. Selon le ministère de l’Agriculture, les deux-tiers des abattoirs « ne posent aucun problème. » Pour ce qui est du tiers restant, sur 39 chaînes d’abattages, des défauts d’étourdissement ont été observés. Près d’une centaine d’avertissements ont été adressés à des établissements. Sans que l’on en sache vraiment plus…
Sur la question de l’abattage rituel, Stéphane Le Foll promet, en septembre, un rapport sur ce sujet. Car la question de l’absence d’étourdissement est au cœur des discussions de la commission d’enquête parlementaire. Selon les statistiques du ministre de l’Agriculture, en 2014, les animaux tués sans étourdissement ont représentent 15 % des bovins abattus et 27 % des ovins, alors que 218 abattoirs sont habilités à pratiquer l’abattage sans étourdissement en France.
Pas forcément de « problème sur l’abattage rituel »
En effet, la réglementation européenne rend « obligatoire l’étourdissement des animaux destinés à la consommation humaine avant leur abattage », sauf pour l’abattage rituel, qui bénéficie d’une dérogation « lorsque l’étourdissement n’est pas compatible avec les prescriptions rituelles relevant du libre exercice du culte. » Une jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme permet de considérer cette dérogation comme un « engagement positif de l’Etat visant à assurer le respect effectif de la liberté d’exercice des cultes. »
La France n’a donc pas vraiment son mot à dire sur cette question. « Peut-on faire autrement ? », s’est d’ailleurs interrogé hier Stéphane Le Foll, qui assure essayer « d’engager des discussions pour savoir si l’on ne pouvait pas améliorer les choses. » Il poursuit : « Est-ce que l’on peut faire du halal sans validation des autorités religieuses ? Non. De la même manière pour le casher. Ce n’est pas nous qui pouvons décider des conditions dans lesquelles se délivrent les certificats », a-t-il encore dit, alors qu’au ministère de l’Agriculture, on assure que « rien ne démontre qu’il y a aujourd’hui un problème sur l’abattage rituel. »