L’information vient d’être communiquée à l’agence Reuters par cinq différentes sources : le programme fédéral américain de « lutte contre l’extrémisme violent » (CVE) est sur le point d’être transformé en « lutte contre l’extrémisme islamique ». Ou en « lutte contre l’extrémisme islamique radical ». Si le choix n’a pas encore été tranché, sa seule existence signifie que la refondation, elle, est bien engagée. Au-delà du changement de terminologie, et de la focalisation obsessionnelle du président américain sur l’Islam et les musulmans, cette mesure signifie aussi, ipso facto, que la lutte contre les suprémacistes blancs – auteurs de nombreux attentats et fusillades aux Etats-Unis – ne sera plus considérée comme une priorité pour la nouvelle administration. Le programme CVE avait été mis en place pour dissuader le passage à l’acte de groupes de criminels ou de « loups solitaires » au moyen de partenariats communautaires et de programmes éducationnels voire, des campagnes de textos en collaboration avec des entreprises comme Google ou Facebook. Malheureusement fidèle à ses engagements, Donald Trump met à exécution des promesses de campagne et les critiques proférées à l’adresse de son prédécesseur, Barack Obama, sur ses supposées faiblesse et permissivité à l’égard du terrorisme musulman et sur sa non volonté de le désigner nommément comme « islam radical ».
Un changement de nom lourd de conséquences
Des détracteurs du CVE craignent que ce changement de nom ne soit lourd de conséquences: il pourrait rendre encore plus ardue la collaboration des musulmans des Etats-Unis déjà méfiants et échaudés par les dernières mesures de la nouvelle administration républicaine – et notamment, le controversé « Muslim ban ». D’autres rappellent son inefficacité ontologique. Lors d’une réunion qui s’est déroulée jeudi dernier avec les conseillers de John Kelly, Secrétaire d’Etat à la Sécurité du territoire, des fonctionnaires de ce ministère avaient été interrogés sur les motifs qui les ont conduits à privilégier telle ou telle communauté comme bénéficiaire des subventions accordées dans le cadre du CVE, aux derniers jours du mandat de Barack Obama. John Kelly avait empêché l’octroi de ces subventions, en attendant de lever ces doutes.