La décision était attendue par l’entourage de Tariq Ramadan, après près de deux mois d’attente, le retrait des mises en examen de l’islamologue suisse avait été mis en délibéré. Après un an de rebondissements et une remise en liberté intervenue mi-novembre, Tariq Ramadan attendait sa « démise en examen » dans les deux dossiers, ceux de Henda Ayari et de « Christelle ».
Demain le juge d’appel statuera sur nos demandes de démises en examen relatives aux deux plaignantes. En espérant qu’il prenne en compte TOUS les éléments de l’enquête pour qu’enfin justice soit faite. #Justice4TR
— Maryam Ramadan (@BintBattuta13) March 13, 2019
Poursuivi pour deux viols — le premier le 9 octobre 2009 à Lyon sur « Christelle » et le second au printemps 2012 à Paris sur Henda Ayari —, Tariq Ramadan a d’abord nié avoir eu des relations sexuelles avec ces deux femmes avant d’admettre avoir entamé avec elles un « jeu de séduction », puis une rencontre. Un aveu survenu après une longue enquête riche en rebondissements.
Mais plusieurs éléments ont conduit les juges à statuer de nouveau sur le cas Ramadan. Notamment un SMS de « Christelle » dans lequel la jeune femme écrivait que Tariq Ramadan lui avait « manqué » dès qu’elle a eu « passé la porte ». La plaignante assurait que ce texto avait été envoyé après une conversation virtuelle, tandis que la défense de Tariq Ramadan affirmait que ce SMS prouvait que la relation avait été consentie. D’autant que l’on pouvait également lire : « Si je n’avais pas aimé je serais partie. »
Les enquêteurs ont estimé que ce SMS avait été envoyé après une rencontre physique. En effet, les policiers affirment que les SMS ont été « transmis après les faits supposés » et qu’il « laissent perplexe, car la plaignante semble ravie de la nuit passée. » C’est ainsi tout le témoignage de « Christelle » qui a été remis en cause, puisque les enquêteurs assurent avoir entendu de la part de cette dernière des déclarations « surprenantes et fluctuantes ».
« Peut-on encore valablement parler de viols quand on a tous ces mensonges explicites des parties civiles avant et après les rencontres et qu’elles disent elles-mêmes qu’elles ont aimé le moment passé ? », résume, sous forme de question, l’avocat de la défense, Me Emmanuel Marsigny. Devant ces éléments, les juges de la cour d’appel ont cependant décidé de maintenir les deux inculpations de Tariq Ramadan pour viols.
Si, depuis plusieurs mois, Emmanuel Marsigny assure qu’« il n’y a plus d’affaire Ramadan » suite aux révélations concernant les correspondances entre plaignantes et accusé, l’avocat de « Christelle » affirme de son côté que, « quelle que soit la décision, l’instruction se poursuivra et ira à son terme. » L’islamologue avait indiqué avoir porté plainte contre les plaignantes pour « dénonciation calomnieuse » et « dénonciation d’une infraction imaginaire. »