En avril, plusieurs femmes voilées venues chercher un colis dans un bureau de tabac d’Albi s’étaient vu demander d’enlever leur foulard pour prouver leur identité. Elles avaient alors décidé de porter plainte pour discrimination. « Pour des raisons de sécurité, le port d’un casque ou d’une capuche, ainsi que toute tenue pouvant dissimuler l’identité ou une arme est interdit dans notre établissement », avait indiqué la gérante du bureau de tabac sur sa devanture.
Ce jeudi 24 mai, la buraliste a été jugée pour « refus de biens ou services au profit d’une personne physique ou morale en raison d’une appartenance supposée ou non à une religion déterminée. » Devant le juge, la plaignante a rappelé que, malgré son voile, son visage était bien visible et qu’elle n’était donc pas en contravention avec la loi sur le voile intégral. La cliente avait même proposé à la buraliste de se dévoiler à l’abri des regards, ce que celle-ci avait refusé.
« Je n’ai rien contre la religion, nous avons même refusé de servir une religieuse qui refusait d’enlever son voile », a tenté de justifier la buraliste devant le juge, comme pour dire qu’elle n’était pas islamophobe. La commerçante a invoqué des raisons de sécurité pour expliquer sa démarche. « Dans ce bureau de tabac, la règle est appliquée pour tous », a assuré l’avocat de la buraliste qui a dénoncé un « amalgame » quant à l’islamophobie de la prévenue.
Le 28 juin prochain, la commerçante sera fixée sur son sort. Le Mrap et la Licra se sont portés partie civile. Si le tribunal suit l’avis du procureur de la République, le geste de la buraliste pourrait lui coûter cher : il a requis trois mois de prison avec sursis et 3 000 euros d’amende.