« Les relations d’amitié et de fraternité avec l’Iran sont très importantes pour l’Algérie. » Abdelhamid Si Affif, président de la commission des affaires étrangères au parlement algérien, est catégorique : entre Alger et Téhéran, la coopération doit être entière, malgré les alliances anti-Iran et la volonté des Etats-Unis, de l’Arabie saoudite et d’Israël d’isoler ce pays.
Selon l’agence de presse nationale algérienne APS, le président de l’Assemblée consultative islamique d’Iran, Ali Larijani, a appelé de ses vœux à une « intensification des efforts pour promouvoir la coopération (entre l’Iran et l’Algérie, ndlr) au plus haut niveau, conformément à la volonté des dirigeants des deux pays et sur la base de leurs positions convergentes sur nombres de questions. »
A Téhéran depuis samedi, la commission algérienne a surtout tenu à rappeler qu’elle ferait abstraction des pressions, notamment américaines. « L’Algérie a une politique extérieure souveraine et indépendante, et dans le cadre de son principe directeur de non-ingérence dans les affaires internes des Etats, elle ne se laissera pas influencer par les campagnes d’autres pays concernant les relations avec l’Iran », a-t-il ainsi déclaré.
De quoi envisager un développement important des relations entre Alger et Téhéran ? C’est en tout cas la volonté de l’Iran, dont le chef de la diplomatie Mohammad Javad Zarif a tenu à souligner « le rôle de l’Algérie dans la préservation de la stabilité en Afrique du Nord, au Sahel et dans la région arabe » et souhaité un « renforcement de la coopération avec l’Algérie, en adéquation avec la volonté politique exprimée par les dirigeants des deux Etats. »
Les échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Iran atteignent à peine 10 millions de dollars. Mais Alger semble intéresser les Iraniens, qui voient en l’Algérie « une situation géographique et stratégique importante en Afrique du Nord. » Et alors que l’Union européenne voit ses entreprises quitter l’Iran à cause des sanctions américaines, l’Algérie semble être, pour Téhéran, « la porte du continent africain », puisque « sa proximité avec l’Europe et d’autres pays accroissent son importance commerciale et économique », assure le chef de la diplomatie.
Les matières premières iraniennes pourraient donc être une aubaine pour l’Algérie. En mars dernier, une délégation venue du port de Khomeini s’était rendue à Alger pour dire son intérêt pour le phosphate algérien et faire le point sur les matières premières iraniennes, comme l’acier.
Alger avait, en 2015, reçu le premier vice-président de la République islamique d’Iran, Eshaq Jahangiri, juste après avoir décidé de ne pas intégrer la coalition saoudienne. Le début d’une coopération plus approfondie entre les deux pays est donc aussi un message clair envoyé à Riyad : Alger veut diversifier son économie en évitant de rentrer dans un jeu diplomatique qui serait dicté par les Américains.