Le vendredi 23 mars, celui que les médias appellent le « soldat de l’Etat islamique », Redouane Lakdim, tue trois personnes. Le preneur d’otages, qui a perpétré pas moins de trois attaques à Carcassonne et Trèbes, dans le sud de la France, est finalement tué lors d’un assaut des forces de l’ordre dans un supermarché où il était retranché.
Cinq jours après ces attentats, l’opposition attend d’Emmanuel Macron des actes forts. Stéphane Rozès, président de CAP et enseignant à Sciences-Po et HEC, estime qu’il y a, de la part des Français, « une attente de clarification dans le pays pour savoir ce que pense vraiment le président de la laïcité, condition essentielle de la bonne entente entre les religions et entre les citoyens. » Pourquoi attendre d’Emmanuel Macron qu’il se positionne sur la laïcité alors que l’attentat n’a, semble-t-il, aucun rapport ? « Le respect de la laïcité, c’est la séparation entre le spirituel et le temporel, notion rejetée par l’Islam politique », résume Stéphane Rozès.
Il faut dire que, depuis vendredi, certains politiques n’ont pas hésité à fustiger l’Islam, comme après chaque nouvel attentat. Manuel Valls, par exemple, a demandé lundi que soit envisagée l’interdiction du salafisme. Dans Le Monde, Aurélien Taché, député La République en Marche, dénonce cette posture : « Le rôle d’un responsable politique n’est pas de se transformer en islamologue », écrit-il à l’ancien Premier ministre. Le chef de gouvernement actuel a lui aussi fustigé l’attitude de Manuel Valls. Il rappelle qu’« on ne peut interdire une idée » et a cité l’article 10 de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. »
Mais la sortie de Valls, comme celles de personnalités de droite, concernant l’Islam et la laïcité, ont été faites dans le but de faire parler Macron du sujet. Or, selon un député LREM cité par le JDD, le président de la République française « n’a pas envie qu’on débatte de la laïcité. » Pacôme Rupin rappelle d’ailleurs la position d’Emmanuel Macron : « Pour lui, ce n’est pas un sujet car cela ne pose pas de problème, il n’y a pas besoin de changer la loi. » Sujet clos ?