Une délégation saoudienne, menée par un général à la retraite, s’est rendue en Israël. Les prémisses d’une nouvelle configuration des alliances au Proche-Orient ?
Il y a les principes, les déclarations de façade. Puis il y a la réalité, le pragmatisme géopolitique, dans un monde arabe où chiites et sunnites se déchirent dans certains pays (Liban, Irak, Syrie, Yemen,…). Ainsi, un général saoudien à la retraite, Anwar Eshki, a fait le voyage jusqu’à Jérusalem avec une délégation d’hommes d’affaires et d’universitaires. Ils ont rencontré des députés de la Knesset afin d’évoquer le plan de paix proposé par l’Arabie Saoudite il y a quatorze ans. Plan de paix toujours valable, selon ce général. L’homme a également fait une halte dans un hôtel de Jérusalem-Ouest pour s’entretenir avec Dore Gold, Directeur général du ministère des Affaires étrangères. Les deux hommes se connaissent bien depuis une rencontre à Washington.
L’Arabie Saoudite et Israël n’entretiennent pas de relations diplomatiques. Le porte-parole israélien des affaires étrangères a expliqué qu’il s’agissait d’un rendez-vous entre deux personnes se connaissant. Cette diplomatie officieuse peut paraître stupéfiante mais elle s’inscrit dans une recomposition globale de la région. Il y a peu, mi-juillet, le ministre des Affaires étrangères égyptien a été reçu à Tel-Aviv. La menace terroriste qui frappe de Bagdad à Kaboul, de Charm El-Cheikh à Jeddah, bouscule les haines et modifie les lignes de fracture entre nations.
Un plan de paix saoudien pour la Palestine
Anwar Eshki a également rencontré le général Yoav Mordechaï, qui dirige l’organe en charge au ministère de la Défense des territoires palestiniens. Il a été interviewé sur les ondes de la radio militaire israélienne. L’occasion de rééexpliquer la nature du plan de paix imaginé par Ryadh quatorze ans auparavant. Une normalisation des rapports entre Israël et les pays arabes, en échange de la reconnaissance d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967.
Un retrait du Golan est également une condition pour que cet accord puisse voir le jour. Fin diplomate, l’ex-militaire a précisé que le conflit « n’est pas à l’origine du terrorisme mais représente un terreau fertile pour les djihadistes ». Il s’est entretenu avec quatre députés de la gauche israélienne. Une triple alliance Arabie Saoudite-Israël-Egypte est-elle sur le point de se nouer ?