Avec l’appui de milices, les forces armées syriennes sont parvenues, ce mardi, à atteindre le « triangle de Palmyre », une série de collines qui traverse la cité antique. Et ont fini hier par expulser les combattants du groupe Etat islamique (EI) de cette oasis située à quelque 200 kilomètres au nord-est de Damas. C’est la seconde fois que les forces pro-gouvernementales reprennent des mains de Daesh le site classé depuis 1980 au patrimoine mondial de l’UNESCO, une catégorie à laquelle s’est ajoutée la mention « en péril » depuis la prise de Palmyre par Daesh en mai 2015. Dix mois après l’instauration du califat de l’EI, l’armée de Bachar avait réussi à reprendre le contrôle de la ville. Mais, en décembre 2016, profitant de ce que l’attention des militaires et des médias était focalisée sur Alep, l’EI a mené une offensive surprise et fini par se réapproprier le site antique des vestiges gréco-romains, la ville moderne de Tadmor et, surtout, les gisements voisins de gaz et de pétrole. Dans l’attente d’une nouvelle estimation de l’ampleur des saccages, la Direction générale des Antiquités de Syrie avait dénoncé, en janvier, que les djihadistes avaient causé « des dommages importants » au site historique de Tétrapyle et au théâtre romain. Dans leur première incursion, les hommes de Daesh avaient détruit des temples, des tours funéraires et d’autres joyaux archéologiques ; le musée de Palmyre avait été pour sa part converti en prison. Sans oublier la décapitation de l’expert et directeur des Antiquités, Khaled el-Asaad, en août 2015.
Après Palmyre, Raqqa ?
Cette nouvelle perte pour l’EI s’inscrit dans le recul enregistré par le groupe terroriste sur ses principaux fronts en Syrie, mais aussi en Irak (à Mossoul notamment), à la faveur d’une lutte d’influence et de leadership entre les Etats-Unis et la Russie, soutien indéfectible du régime syrien. La prochain défi sera de récupérer Raqqa, autre bastion de Daesh à 200 kilomètres à l’est d’Alep. Après celle d’Alep, la prise de Palmyre renforce d’autant plus le gouvernement de Bachar el-Assad face à une opposition désarticulée. Et malgré la publication, par la Commission d’enquête indépendante de l’ONU, d’un rapport affirmant que « la population civile a été victime de crimes de guerre commis par tous les protagonistes ». Les enquêteurs onusiens accusent d’une part les forces loyales syriennes d’avoir utilisé des « bombes de chlore dans les zones d’habitation, entraînant la mort de centaines de civils », et les groupes djihadistes d’avoir « volontairement » empêché les habitants d’abandonner les quartiers est d’Alep, les utilisant comme « boucliers humains ».