A 29 ans, Asif Arif est un personnage haut en couleurs. Avec lui, pas le temps de s’ennuyer. A sa façon de vous raconter comment, la nuit dernière, il a été réveillé par un coup de fil pour une affaire urgente ou lorsqu’il vous conte l’histoire du pays de ses parents, le Pakistan, Asif Arif pourrait en écrire des livres. C’est d’ailleurs ce qu’il fait. Tout ce qu’il touche le passionne et lui donne envie de prendre la plume. Lancez-le sur le Coran, et ce sera parti pour des heures de discussions. Que vous soyez croyant ou non, l’avocat saura vous donner envie de vous plonger dans les saintes écritures. Mais n’y voyez aucune volonté de vous convaincre d’adhérer à sa religion. « Je ne fais pas de prosélytisme », assure le juriste. Non, comme il le dit lui même, Asif n’est qu’un « amoureux de l’Islam. » Qui a décidé de parler du Coran chaque jour pendant le mois de ramadan dans LeMuslimPost. Mais ce n’est pas son seul sujet de prédilection. Au téléphone comme dans sa vie professionnelle, il aime « faire le grand écart. » Un grand écart qui l’amène à travailler sur le dossier juridique d’une entreprise — sa spécialité — ou à défendre un assigné à résidence, nombreux à faire appel à lui.
Aider les opprimés qui sont issus d’une minorité
Ce qui revient le plus au fil des discussions avec Asif Arif, c’est sa propension à s’emparer des problèmes des opprimés. Une envie d’aider les plus faibles qui tient certainement de son histoire personnelle : né de deux parents pakistanais ahmadis, Asif Arif s’est, au fil des années, mis un point d’honneur à défendre les droits des minorités. « Si en France les Ahmadis sont plutôt bien vus, nous restons une minorité dans le monde musulman », explique le juriste, qui à la fin de l’adolescence s’est intéressé à l’Ahmadiyya. « J’ai dévoré beaucoup de littérature, rencontré des chercheurs mais aussi des politiques, se souvient-il. J’ai remarqué que, chez les politiques, les Ahmadis et le Pakistan, cela leur passait clairement par dessus de la tête. » Asif Arif a donc décidé, au travers de tribunes dans différents médias ou encore d’un livre sur le Pakistan, d’alerter sur le sort de ce mouvement — qu’il définit comme « très orthodoxe et proche du sunnisme » — en Algérie, aux Comores ou encore au Pakistan. Il est d’ailleurs devenu responsable aux affaires publiques et presse de l’Association musulmane Ahmadiyya de France.
« La loi de 1905 est suffisamment claire »
Mais plus que cela, ce sont plus généralement les problématiques liées à l’Islam en France et à la laïcité qui ont ses faveurs. Il vient d’ailleurs de terminer un ouvrage d’« Outils pour maîtriser la laïcité », qui sortira à la rentrée prochaine. Lui milite plutôt « pour une laïcité inclusive à l’anglo-saxonne. » En résumé, il estime que la loi de 1905 — et les différentes jurisprudences — est suffisante et « suffisamment claire. » Que la loi de 2004 sur l’interdiction du voile à l’école était inutile. « Anti-laïque », même, dit-il. En France, « chacun a le droit de porter ce qu’il veut », argumente-t-il. Mais la loi de 2004 est passée, Asif Arif fait donc avec. Dans son ouvrage consacré à la laïcité, il propose « cinquante fiches pratiques » sur cette notion qui lui est chère et qui, dit-il, « permet l’exercice des libertés. » Plus globalement, l’avocat aime dénoncer dans les colonnes des journaux les manquements à la laïcité de nos dirigeants politiques ou encore rappeler l’essence de la loi de 1905.
« Quand il est question d’Islam dans une affaire, on part avec un sérieux handicap »
Ces combats y sont certainement pour beaucoup dans la façon de travailler d’Asif Arif au quotidien. Son métier d’avocat et le droit, ils les envisagent au-delà des textes. « Même si c’est toujours mieux de gagner une affaire, l’important est surtout d’accompagner les clients », admet-il. Dans tous les dossiers liés à l’état d’urgence, « les procès sont souvent perdus d’avance », mais la façon de croire en des dossiers, d’être présent aux côtés des familles, c’est capital pour Asif Arif. Les personnes discriminées ou les assignés à résidence, donc… Le juriste prend du plaisir à défendre les opprimés même si, ironise-t-il, « quand il est question d’Islam dans une affaire, on part avec un sérieux handicap. » Mais rien n’est jamais perdu car, assure ce passionné, « être avocat, c’est un peu de droit et beaucoup de stratégie. » Et lorsqu’il n’est pas dans les prétoires, l’avocat se documente, lit, fait des recherches. Son livre de chevet ? « L’Art de la guerre », de Sun Tzu. Car Asif Arif ne veut absolument rien laisser au hasard.
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