Les photos peuvent avoir un sens différent de la réalité selon le moment où elles sont prises et en fonction de l’angle. Une femme voilée en a fait l’amère expérience. Une jeune femme qui symbolise également l’islamophobie décomplexée. Retour quelques jours en arrière : l’attentat de Londres plonge l’Angleterre dans le chaos. Un cliché circule alors sur les différents sites de la fachosphère. On y voit une femme voilée, portable en main. Les lecteurs dénoncent alors son dilettantisme quant à la situation. Les identitaires s’en prennent alors violemment à cette femme marchant sur le pont de Wesminster, juste après le passage du terroriste au Parlement britannique. Pour eux, pas de doute : son attitude montre un soutien au terroriste.
Le photographe prend se défense
La jeune femme mise en cause s’est dite « choquée et consternée de la manière dont cette photo » circule. Elle accuse : « A tous ceux qui ont interprété et commenté mes pensées dans cet épouvantable moment, je n’ai pas seulement été dévastée d’assister à cette attaque terroriste choquante, j’ai aussi dû gérer le fait de voir ma photo mise sur les réseaux sociaux par des personnes qui ne regardent pas au-delà de ma tenue et qui tirent des conclusions basées sur la haine et la xénophobie. » Car derrière l’image, il y a les faits : la jeune femme a tenté d’aider les victimes avant d’appeler sa famille pour dire que tout allait bien. C’est à ce moment-là que la photo a donc été prise. Puis, sur le chemin du retour vers chez elle, la femme voilée aide une autre femme à se rendre à la station Waterloo. L’auteur de la photo, Jamie Lorriman, confirme que cette femme venait de l’endroit où se trouvaient les victimes et explique qu’on voit bien sur son cliché qu’elle « semble affectée et (…) sous le choc. » Sur les trois photos prises par le journaliste, « elle semble en pleine détresse sur chacune. » Des journalistes du Parisien, qui ont vu les deux autres clichés, confirment en effet que la jeune femme voilée semble « en plein désarroi » et « s’attarde aux côtés de la victime. » Trop tard, la fachosphère en a fait le visage de l’Islam qui tue. A tort.