Le quotidien Libération nous emmène dans les coulisses d’une association juive qui vient en aide à des réfugiés musulmans. Un beau message de paix et d’espoir.
Au moment où l’Union des mosquées de France (UMF) appelle à ce « que tous les peuples retrouvent la voie de la paix, de la justice et de la solidarité » à l’occasion de la coïncidence des calendriers chrétien et musulman – Noël et Mawlid tombent cette année en même temps –, un reportage de Libération vient montrer que, dans la difficulté, toutes les communautés religieuses s’unissent pour aider leur prochain. C’est le cas de l’association autrichienne Shalom Alaikum, qui vient en aide aux migrants venus du Moyen-Orient.
« Les régimes ont besoin de se fabriquer un ennemi »
Pour l’une des membres de cette association, l’arrivée massive de réfugiés syriens, irakiens ou même afghans rappelle les heures les plus sombres de l’histoire des juifs : « Nous sommes tous des enfants d’exilés. Cela nous paraît normal de tendre la main à ceux qui vivent aujourd’hui ce que nos parents et nos grands-parents ont dû subir il y a soixante-dix ans en fuyant les nazis », dit-elle. Mais tout le monde ne pense pas comme Shalom Alaikum. En Autriche, plusieurs chefs de la communauté juive veulent limiter l’afflux de migrants.
Les membres de l’association estiment qu’il faut « dépasser » les rivalités religieuses. « L’immense majorité des réfugiés sont des gens qui ont besoin d’aide et de protection », raconte une bénévole. En Autriche, près de 100 000 demandes d’asile auront été déposées rien que pour cette année. Alors, l’association juive aide les migrants, qu’importe leur confession. De quoi parfois étonner des musulmans de Syrie : l’un d’eux s’étonne qu’à l’école, on lui « bourrait le crâne avec la haine des sionistes. » Pourquoi ? Parce que « tous les régimes ont besoin de se fabriquer des ennemis », dit-il, alors que sa grand-mère était juive.
« Construire la paix pour nos enfants »
Cette défiance des musulmans pour les juifs et des juifs pour les musulmans, la crise des réfugiés est une bonne occasion de l’apaiser. L’une des membres de l’association pose la question du vivre-ensemble : « On assiste à un tournant historique bien plus important encore que tout ce que nous avons connu depuis 1945. Mais, en tant que juifs, nous n’avons que des contacts positifs avec les réfugiés. Il faut en prendre conscience, puis être à la hauteur. Notre communauté est toute petite : elle compte au maximum 15 000 personnes. Alors qu’est-ce qu’on fait ? On reste les bras croisés ? On émigre ? Non. On tente de construire la paix ici, pour nos enfants. »
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