Il veut contrer la percée du Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA), un « parti raciste et clairement anti-Bruxellois » selon lui. Dyab Abou Jahjah débarque à Bruxelles avec la ferme intention de faire un bon score lors des élections régionales, qui auront lieu en mai prochain. Le militant antiraciste prône dans son programme « l’égalité entre citoyens, la lutte contre le grand capital, la décolonisation et l’affirmation de Bruxelles comme Région à part entière. » Il sera en haut de la liste de son parti Be.One.
Créé à l’occasion des municipales, Be.One veut peser au niveau régional, après un succès très mitigé lors du dernier scrutin. Il s’est, pour l’occasion, associée à Candice Vanhecke, une journaliste spécialisée dans les enjeux de religion et laïcité. Essayiste, Dyab Abou Jahjah a fondé la Ligue arabe-européenne et a été chroniqueur au Standaard, qui l’a licencié après qu’il a écrit que l’attaque au camion-bélier sur des militaires qui à Jérusalem a, en janvier 2017, était « nécessaire » et n’était « pas du terrorisme » mais « un acte de résistance. » Si Dyab Abou Jahjah réussit un coup lors des prochaines élections régionales, il pourrait tout à fait accéder à un poste de ministre — il faut, pour cela, que sa liste obtienne deux sièges.
Mais qui est vraiment Dyab Abou Jahjah ? Au Liban en 2006, pour apporter son soutien à son pays durant la guerre l’opposant à Israël, celui qui a obtenu la nationalité belge après avoir obtenu l’asile politique décide de revenir en 2013 en Belgique. Il vit à Schaerbeek « dans un anonymat relatif », résume le journal néerlandophone Bruzz. A 46 ans, Dyab Abou Jahjah veut, dit-il, « défendre un nouveau type de politique et une égalité radicale entre les peuples. » Parfois libéral, parfois de gauche, le candidat aux régionales affirme avoir été « déçu » par les partis traditionnels.
D’où la naissance de Be.One, qui veut unir autant les francophones que les néerlandophones. Dans son programme, Dyab Abou Jahjah préconise la mise en place d’école multilingues. « Je veux que mes enfants parlent arabe, néerlandais, français et anglais », résume-t-il. Mais son principal combat est donc de faire de Bruxelles « une vraie région. » Il s’agit, assure-il, de l’enjeu de cette bataille électorale. « Je considère ces élections comme un référendum sur l’avenir de Bruxelles », assure le Belgo-Libanais.
Mais pour Be.One, il sera aussi question d’abattage religieux et du port du foulard. « Notre programme préconise la liberté de choix. Ce n’est pas pour ou contre les musulmans », explique-t-il à Bruzz. Dyab Abou Jahjah veut « une société laïque, dans laquelle les gens ne doivent pas se cacher », comme dans les pays anglo-saxons. Concernant le halal, Be.One propose un débat sur les droits des animaux. Assurément, la candidature d’Abou Jahjah a quelque chose de particulier : le fondateur de Be.One veut provoquer du débat et s’exprimer sans concession sur tous les sujets. Quitte à déplaire.