Il avait provoqué de nombreux remous au sein de la classe politique belge, qui voulait même proposer son interdiction. Le parti Islam a fait la une des journaux et a été évoqué dans de nombreux journaux télévisés outre-Quiévrain. Mais entre la réalité et la promotion assurée à ce parti, il y a finalement eu un gap : alors qu’il voulait présenter quatorze listes lors des prochaines élections communales, le parti Islam n’a finalement pu en présenter que trois.
C’est sur ce sujet que l’anthropologue de l’Université catholique de Louvain, Lionel Remy, a travaillé. Il présente son ouvrage « Le Parti Islam. Filiations politiques, références et stratégies » édité par Academia, dans lequel il dévoile les dessous de ce mouvement politique controversé. Si, selon la presse belge, le parti Islam est « amateur » et un « club de pieds nickelés », l’auteur du livre est plus mesuré que le journal La Libre (que nous avons relayé).
Certes, il estime qu’« il ressort de l’enquête de terrain que, si le parti Islam devait se passer de sa stratégie de provocation, il ne lui resterait absolument rien. » Mais dans un communiqué de presse, Lionel Remy rappelle cependant que son livre n’est pas un pamphlet à charge contre la formation politique mais bien une enquête ethnographique « qui débute par une présentation des préoccupations réflexives inhérentes à un tel environnement de recherche : le manque d’empathie, la polémique comme modalité psychologique de l’écriture, l’entreprise de moralisation du chercheur et de son travail, l’opportunité pour le parti de disposer d’un nouveau produit publicitaire, le risque d’instrumentalisations multiples qui furent autant de conditions posées sur un savoir ethnographique qu’il s’agit de rendre visible depuis les coulisses de sa production. »
L’auteur y décrit et analyse « l’hybridité référentielle et identitaire du parti, mais aussi la stratégie d’action pratique qui lui est étroitement liée, vis-à-vis des médias, mais aussi des élus de confession musulmane, issus des autres formations partisanes. » Une analyse qui lui fait dire que « le parti Islam est à l’origine d’un réagencement assez original de références discursives diverses, empruntées ici aux Frères musulmans ou là à un marja‘ (une source, une référence religieuse dans l’islam chiite), controversé, de la ville de Qom (Iran) et adaptées à la réalité politique et administrative de la Belgique. Simultanément, le parti Islam mobilise tel ‘branchement’ (Amselle, 2001) référentiel ou tel autre dans un objectif de provocation médiatique destiné à augmenter sa visibilité dans l’espace public. »