Ce collectif antiraciste, baptisé Bruxelles Panthères, a lancé une pétition début août contre cette pratique, assimilée au « Black face » et dénoncée comme « un vestige de la mise en esclavage ».
Il a interpellé l’Unesco qui s’est mêlée à la controverse, dans un courriel envoyé vendredi à Bruxelles Panthères, dont l’AFP a obtenu copie.
La ducasse d’Ath, en Wallonie (sud), existe depuis le XVIe siècle et rassemble des dizaines de milliers de personnes le dernier week-end d’août, avec comme point d’orgue le cortège du dimanche dont le Sauvage est la vedette.
La procession a été inscrite par l’Unesco en 2008 au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité, intégrée à « l’élément +Géants et dragons processionnels de Belgique et de France+ », selon l’organisation onusienne basée à Paris.
À ce titre, elle doit se conformer à des principes, écrit dans ce mail Ernesto Ottone R., sous-directeur général pour la Culture à l’Unesco, citant en particulier « l’exigence du respect mutuel entre communautés, groupes et individus ».
« Soyez assuré que l’Unesco restera fidèle, en toutes circonstances, à ses principes fondateurs et ne cessera d’être vigilante face à toutes les formes de menaces qui pèsent sur la dignité et les droits humains », conclut le responsable.
Dans le courrier initial envoyé par Bruxelles Panthères, ce collectif d’une dizaine de militants actifs recensait plusieurs incidents ou agressions ayant visé récemment des Noirs en Belgique, notamment des chants racistes lors d’un festival de musique en août 2018.
« Il est temps de réagir à la négrophobie sévissant en Belgique », écrivait son porte-parole, Mouhad Reghif, demandant que la ducasse d’Ath soit privée « s’il le faut » de son label Unesco.
La pratique du « Black face » dans plusieurs carnavals ou célébrations folkloriques de Belgique –ancienne puissance coloniale au Congo– fait subir aux populations noires du pays « une injustifiable violence symbolique », selon lui.
De leur côté la municipalité et les organisateurs de la ducasse d’Ath se sont dits ouverts au débat pour « faire évoluer » l’événement.
« La population ne vit pas ce jeu festif comme étant un acte raciste, mais veut bien entendre que ça peut choquer quelqu’un d’extérieur qui ne connaît pas le contexte », a déclaré à l’AFP Laurent Dubuisson, l’historien qui dirige la Maison des géants à Ath.
Dimanche matin au début de la parade, le Sauvage est venu remettre symboliquement ses chaînes au bourgmestre (PS)Bruno Lefèbvre, dans un geste d’apaisement, sous les acclamations de la foule. De nombreux habitants portaient un tee-shirt « Je suis Sauvage ».