Le gouvernement birman est dans le collimateur de l’Organisation des Nations Unies. Zeid Ra’ad al Hussein, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, vient de demander au gouvernement birman de « cesser de prétendre » que les Rohingya sont des terroristes, indique Reuters. Devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, Zeid Ra’ad al Hussein a appelé les autorités birmanes à « mettre fin à l’opération militaire cruelle en cours, avec l’obligation de rendre compte de toutes les violations qui se sont produites, et à renverser le schéma de discrimination grave et généralisée contre la population Rohingya. » Une prise de position claire pour le Haut Commissaire aux droits de l’homme qui indique que « la situation ressemble à un cas d’école de nettoyage ethnique. » Le diplomate dénonce enfin le « déni total de la réalité » de la part des autorités locales qui, selon lui, « affecte grandement la réputation internationale du gouvernement. »
Le gouvernement refuse d’appliquer un cessez-le-feu
Mais du côté de la Birmanie, les exactions se poursuivent, alors que l’ONU estime à 300 000 le nombre de Rohingya qui ont fui les violences. La situation appelle à une réponse humanitaire urgente, qui nécessiterait 77 millions de dollars. Alors, pour que l’aide humanitaire puisse arriver à bon port, l’Armée du Salut des Rohingya de l’Arakan vient de proclamer un cessez-le-feu unilatéral d’un mois. La réponse d’Aung San Suu Kyi est claire et nette : « Notre politique n’est pas de négocier avec les terroristes. » Le gouvernement birman veut donc continuer à viser les Rohingyas, alors que l’armée a saccagé des dizaines de villages et brûlé des centaines d’habitations. « Les villages sont brûlés les uns après les autres. Je pense que les Rohingya ont déjà été complètement chassés de Rathedaung », à l’ouest de la Birmanie, indique à Reuters Chris Liwa, de l’Arakan Project. Amnesty International tire la sonnette d’alarme et indique que « rien ne saurait justifier de priver d’une aide vitale ceux qui en ont besoin. » « En bloquant l’accès des organisations humanitaires, les autorités mettent la vie de dizaines de milliers de personnes en danger et font preuve d’un mépris terrible pour la vie humaine », estime Tirana Hassan, directrice du programme Réaction aux crises à Amnesty International.