La pensée de Tariq Ramadan « reste intacte. » Malgré son absence lors de la 35e rencontre annuelle des musulmans de France (RAMF), qui se déroulait au Bourget, entre les conférences, il a forcément été question de l’affaire Tariq Ramadan. Lors d’une conférence de presse, le président de Musulmans de France — le nouveau nom de l’UOIF — a tenu à rappeler l’influence qu’avait eue le professeur suisse, qui a régulièrement participé à des conférences depuis 1992 lors des RAMF successives.
Les journalistes présents sur place attendaient nombreux la réaction du patron de l’ex-UOIF. Amar Lasfar a rappelé d’emblée que « personne ne peut remettre en cause ce qu’a fait et ce qu’a apporté Tariq Ramadan. » Du judiciaire, il a également été question lors du jeu de questions-réponses avec la presse. Le président de Musulmans de France a tenu à redire qu’il fallait mettre en avant la « présomption d’innocence » et a estimé que les médias avaient joué un grand rôle depuis plusieurs mois, tout en fustigeant la mauvaise défense de Tariq Ramadan au début de l’affaire.
Dans l’allée centrale, non loin du stand consacré à la Palestine, quatre à cinq militants étaient continuellement présents sur place pour apporter leur soutien à Tariq Ramadan. Bilan après quatre jours : « Un énorme succès, nous confie un bénévole. Il y a eu du monde de 9 heures à 22 heures 30 chaque jour. »
Le succès a effectivement été au rendez-vous : les cinq-cents livres de Tariq Ramadan apportés sur le stand et les six-cents lettres imprimées pour être envoyées à la présidence de la République et au ministère de la Justice ont rapidement été épuisés. « Plusieurs centaines de livres ont été vendus, nous avons dû nous réapprovisionner très vite », indique un militant qui affirme que les bénéfices des ventes « à prix préférentiel » seront reversés à la cagnotte de la campagne Free Tariq Ramadan.
Les courriers, eux, ont permis de s’apercevoir que le soutien ne faiblissait pas après deux mois de détention. « 2 600 courriers ont été envoyés, les gens ont voulu ajouter des mots personnels au président Emmanuel Macron et à la Garde des Sceaux Nicole Belloubet », ajoute un autre bénévole qui raconte avoir vu, depuis le 30 avril dans les allées du parc des expositions du Bourget des personnes « révoltées, en colère et tristes. »
Dans leur courrier-type envoyé à l’Elysée et place Vendôme, les expéditeurs dénoncent le « traitement indigne » dont fait l’objet Tariq Ramadan et demandent « que les institutions fassent preuve d’objectivité. » Ils indiquent également que « l’état de santé de Tariq Ramadan s’est fortement dégradé » et écrivent que la « justice doit respecter Monsieur Ramadan dans ses droits. »