Suite à la polémique sur la Journée burkini, plusieurs municipalité ont décidé de prendre des arrêtés interdisant les tenues contraires, selon elles, à la laïcité.
Jamais un arrêté municipal n’avait autant fait parler de lui. A Cannes, la mairie a décidé d’interdire, sur ses plages, le port des tenues « non respectueuses des bonnes mœurs et de la laïcité. » En ligne de mire, même s’il n’est pas nommé, le burkini. Le maire de Cannes, David Lisnard, indique dans cet arrêté que, « dans le contexte particulier justifiant le maintien de l’état d’urgence, une tenue de plage manifestant de manière ostentatoire une appartenance religieuse (…) est de nature à créer des troubles de l’ordre public. » Pour justifier sa décision, la mairie rappelle que « la France et les lieux de culte religieux sont actuellement la cible d’actes terroristes. »
Le burkini, une tenue qui « fait référence à une allégeance à Daesh »
Concrètement, qu’interdit cet arrêté municipal ? Le maire se défend d’interdire tout port de signe religieux… « On n’interdit pas le voile, ni la kippa, ni les croix, j’interdis simplement un uniforme qui est le symbole de l’extrémisme islamiste, insiste David Lisnard. Il faut arrêter de vouloir caricaturer cet arrêté. Nous vivons dans un espace public commun, il y a des règles à respecter. » Le directeur général des services de la ville de Cannes, Thierry Migoule, va plus loin : il estime que le burkini fait partie de ces « tenues ostentatoires qui font référence à une allégeance à des mouvements terroristes qui nous font la guerre. » Sur les réseaux sociaux, on se félicite de la décision de la mairie, sans réellement savoir si un burkini a déjà été aperçu un jour sur la Croisette…
Quoi qu’il en soit, cet arrêté arrive dans un contexte tendu : après l’annonce de l’annulation de la Journée burkini et la suspension des aides financières à un camp de vacances musulman, les Français musulmans ont l’impression d’être une nouvelle fois pris pour cible. Le père Louis-Marie Guitton, responsable de l’Observatoire socio-politique (OSP) du diocèse de Fréjus-Toulon, interrogé par La Vie, dénonce « une polémique inutile et offensante. » Même son de cloche du côté d’Anuncio — un « mouvement catholique connu notamment pour ses actions d’évangélisation sur les plages », selon l’hebdomadaire chrétien —, qui estime que cet arrêté « ne peut être que néfaste au dialogue interreligieux et aux activités de l’Eglise catholique. »