Après la polémique estivale sur le burkini, une nouvelle mobilisation prend de l’ampleur pour défendre le port du short, suite à des agressions subies par des femmes. Quand la liberté vestimentaire est à géométrie variable.
On savait la France un haut lieu international de la mode. Mais pas au point de susciter des polémiques interminables, raillées par le reste du monde, pour un bout plus ou moins long de tissu porté par les femmes. Alors que la controverse sur le port de burkini à la plage n’est pas complètement close malgré la décision du Conseil d’Etat, voici qu’une affaire concernant une nouvelle fois une tenue vestimentaire féminine prend de l’ampleur, notamment sur les réseaux sociaux. A la différence qu’il s’agit maintenant d’une mobilisation pour le port du short.
Dimanche dernier, dans l’après-midi, en banlieue est de Toulon. Deux femmes en short, selon les informations qui succèdent à l’événement, ont été verbalement agressées alors qu’elles se promenaient, accompagnées de leur famille. Le procureur de la République de la région, Bernard Marchal, a précisé qu’un groupe d’une dizaine de jeunes hommes ont commencé à insulter les deux femmes, les traitant de « sales putes » et d’autres noms fleuris. Les compagnons sont alors intervenus, et une bagarre a éclaté. Les deux maris et un de leurs amis ont été frappés. Une bagarre qui s’est déroulée sous les yeux des enfants et qui s’est soldée par de sévères fractures au visage pour l’un des conjoints, et par un nez cassé pour l’autre. Le procureur Marchal a indiqué que deux suspects, âgés de 17 et 19 ans, ont été appréhendés le surlendemain ; les autres membres du groupe sont toujours recherchés. Finalement, on a apprend par l’une des victimes que ces dernières n’étaient « pas en short » mais en « tenue de sport » et que l’histoire n’a rien à voir avec la tenue des femmes. Trop tard, les analystes ont déjà mis le feu aux poudres.
#TousEnShort (mais pas en burkini)
Cette attaque violente fait suite à celle qui est survenue début juin, à Toulon encore une fois. Maude Vallet, une jeune femme de 18 ans, a été insultée, menacée et reçu des crachats de la part d’une bande de filles, alors qu’elles étaient installées dans un bus. Parce que Maude portait un short en jean, qu’elle a ensuite dévoilé dans une photo publiée sur sa page Facebook, avec comme légende « Bonjour. Je suis une salope ». Elle a commenté son agression en soulignant les différences de comportement selon le sexe : les hommes peuvent se promener dans la rue torse nu et ne pas subir, selon, elle le harcèlement qu’elle a subi vêtue d’un short. Il n’en fallait pas plus pour susciter un tollé public et appeler à la mobilisation sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #TousEnShort. Une centaine de femmes se sont rassemblées à Toulon pour une « marche du short ». Jusqu’à présent, aucune information sur les motivations des jeunes assaillants n’a été divulguée.
Du pain bénit pour l’extrême droite
Il est en tout cas un parti qui se frotte les mains de cette nouvelle affaire, et de ses possibles répercussions politiques. Julien Leonardelli, secrétaire départemental du Front National en Haute-Garonne, fait écho aux affirmations de Pina. « Encore une fois, nos libertés sont sévèrement attaquées », a-t-il publié sur Twitter. « La Charia est déjà installée. »
Encore une fois, nos libertés sont gravement attaquées. La charia s’est déjà installée à #Toulon ! https://t.co/ajWPAFHmvL #tousenshort
— Julien Leonardelli (@jleonardelli_fn) 8 septembre 2016