A Sisco, près de Bastia, une rixe a éclaté entre habitants de l’île. Une vendetta à l’encontre des musulmans de la cité de Lupino a failli être enclenchée par des manifestants, avant que la gendarmerie ne s’interpose.
Avec sept mosquées attaquées depuis un an et demi, la Corse détient un triste record en termes d’islamophobie et de haine. On se souvient tous du saccage d’une salle de prière en Corse, à Noël dernier. A Ajaccio, des manifestants avaient allumé un incendie pour brûler des Coran et avaient proféré des menaces : « Arabi fora » (« les Arabes, dehors »), « On est chez nous » ou encore « Il faut les tuer » avaient alors été scandés. Un peu plus de six mois après les faits, la Corse est à nouveau sujette à l’islamophobie. Si, à l’époque, c’était à cause des blessures de policiers et de pompiers qu’avait débuté la manifestation, aujourd’hui, la région de Bastia s’enflamme probablement à cause d’un burkini. Une bagarre aurait éclaté après que des plagistes auraient photographié les baigneurs musulmans.
« On va monter parce qu’on chez nous ! »
Si la responsabilité des uns et des autres reste à déterminer, les événements qui ont suivi ont, eux, rapidement dégénéré. « Des jeunes de la région de Sisco (…) ont reçu le renfort de proches », a indiqué, ce dimanche après-midi, le parquet de Bastia dans un communiqué. Hier matin, un demi-millier de personnes se sont rassemblées à Bastia. Une partie des manifestants ont été reçus à la préfecture. A l’extérieur, la foule a rapidement scandé : « Aux armes, on va monter parce qu’on chez nous ! », indique le journal 20 Minutes. Alors que plusieurs d’entre les manifestants en colère sont « montés » dans la cité de Lupino, dont sont originaires les Corses musulmans. La gendarmerie a alors bloqué l’accès au quartier.
Le maire socialiste de Sisco, Ange Vivoni, a de son côté rapidement lancé un appel au calme. Ce lundi 15 août, après avoir convoqué un conseil municipal extraordinaire hier soir, le maire a décidé de prendre un arrêté municipal pour interdire le burkini sur les plages de sa municipalité. Ange Vivoni dit s’être appuyé sur la validation, par le tribunal administratif de Nice, de l’arrêté du maire de Cannes. Le maire de Sisco a également annoncé l’annulation des festivités du 15 août. « Pas pour des raisons de sécurité mais parce que les habitants n’ont pas la tête à ça », justifie-t-il. En revanche, Ange Vivoni n’a annoncé aucune mesure contre les manifestants qui s’étaient dits prêts à prendre les armes pour en découdre avec les musulmans…