Un « camp d’été décolonial » fait débat, jusqu’à l’Assemblée nationale où Najat Vallaud-Belkacem a dû donner son point de vue quant à cet événement.
« Ces initiatives sont inacceptables. » La ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, « condamne » la tenue d’un « camp d’été décolonial » du 25 au 28 août. Ce projet de camp d’été est porté par Sihame Assbague, porte-parole du collectif Stop le contrôle au faciès, et Fania Noël, militante du collectif afroféministe Mwasi. Celui-ci se veut être un moment « de formation militante contre le racisme d’Etat », qui « s’inscrit dans la tradition des luttes d’émancipation décoloniale anti-capitaliste et d’éducation populaire. » « A l’approche de l’ouverture de la campagne présidentielle, il semble important que nous, les concerné(e)s par le racisme d’Etat soyons préparés à être les sujets principaux des discours politiques », indiquent les initiatrices de ce camp d’été, qui permettra « de se former, de partager et de nous renforcer pour les luttes et mobilisations à venir. »
L’Etat a « institutionnalisé l’islamophobie »
Mais depuis l’annonce de cet événement, la polémique enfle. Le camp décolonial fait partie, selon la ministre de l’Education nationale, de « ces initiatives qui confortent une vision raciste de la société. » Faux rétorquent Sihame Assbague et Fania Noël, dans un texte sur le site Contre-Attaque(s) : « On nous accuse de promouvoir une vision ‘racisée et raciste de la société’, comme si nous étions responsables des processus de racialisation à l’œuvre dans ce pays depuis des siècles. » Pour les deux jeunes femmes, il est important de « rappeler à toutes ces personnes que ce sont elles qui sont au pouvoir d’une France qui a institutionnalisé l’islamophobie, légitimé les contrôles au faciès, évacué la question des réparations liées à l’esclavage et la colonisation, développé la chasse aux sans-papiers, poursuivi des enfants de 8 ans en les accusant d’apologie du terrorisme, dépolitisé et étouffé les luttes de l’immigration et des quartiers populaires en finançant des associations inefficaces, enraciné le néo-colonialisme à travers des guerres impérialistes, des déstabilisations politiques et une domination économique et militaire. »
Sihame Assbague et Fania Noël répondent également aux journaux qui dénoncent la tenue de ce camp d’été, parmi lesquels Marianne, Le Figaro ou encore Valeurs Actuelles… « Doit-on rappeler aux journalistes qui nous accusent de ‘racialiser’ le débat qu’ils travaillent pour des médias qui n’ont de cesse de stigmatiser une partie de la population, de relayer les pires stéréotypes racistes, de se servir de l’islamophobie comme moyen de subsistance, de servir de caisse de résonance à des politiques sécuritaires, liberticides et xénophobes sans leur opposer une contradiction solide, de dépolitiser les luttes sociales et antiracistes ? Vraiment, doit-on rappeler tout ça ? », demandent-elles. Ajoutant que, « si le racisme, le racialisme et les injustices les touchent tellement qu’ils aillent les combattre là où ils sont : dans les alcôves de leurs petites vies de privilégiés qui ont le luxe de pouvoir ignorer la question raciale. »