Début septembre, un rapport de 117 pages publié par Human Rights Watch dénonçait la détention arbitraire massive de Ouïghours par le gouvernement chinois. Agrémenté de témoignages d’anciens détenus, ce rapport succédait à une alerte lancée par l’ONU. Des experts indépendants des Nations unies avaient indiqué quelques jours plus tôt que plus d’un million de Chinois ouïghours étaient détenus dans des centres de « rééducation. »
« Les gens sont forcés de boire de l’alcool et de manger du porc. Si vous portez le voile ou une barbe, alors êtes envoyés directement dans ces camps », témoignait, auprès du MuslimPostlors d’une manifestation l’été dernier, un jeune Ouïghour exilé en France. Pour les Ouïghours de France, « les tortures physiques et psychologiques à l’intérieur de ces camps ont conduit à la mort de nombreux détenus. »
Mais la Chine, malgré les demandes de Washington de dévoiler la vérité, avait toujours nié l’existence de ces camps. Pékin contredisait les ONG et l’ONU sans se démonter. Mais le Parti communiste chinois, qui vient d’annoncer qu’il se lançait dans une bataille contre le halaldans le Xinjiang, a décidé d’avouer qu’un million de citoyens, principalement ouïghours mais pas exclusivement, étaient enfermés dans des camps.
Devant cet aveu, le parti a tenu à se justifier : il nomme d’ailleurs ces camps « centres de formation professionnelle » qui ont pour but d’« éduquer et transformer » des citoyens ayant été soumis à une « idéologie extrémiste », d’après le quotidien Libération. Selon les autorités chinoises, l’unique objectif serait de rediriger les Ouïghours vers l’emploi.
Pékin justifie les raisons qui poussent les forces de l’ordre à arrêter ces citoyens pour les enfermer. S’ils ont donné un prénom musulman à leur enfant, utilisé WhatsApp, portent une barbe ou s’ils ont simplement réglé leur montre sur un autre fuseau horaire que celui de Pékin, l’arrestation est justifiée selon le Parti communiste qui veut lutter contre les velléités indépendantistes des Ouïghours.
Tout cela, sous couvert de lutte contre le terrorisme. Pékin assure que la région du Xinjiang est truffée d’extrémistes.