Lundi le procureur Robert Mueller a mis en examen plusieurs membres de l’équipe de campagne de Donald Trump, dans le cadre de l’enquête sur l’ingérence russe pendant les élections américaines. Des révélations bien compromettantes pour le président, même si les liens directs avec la Russie n’ont pas encore été officiellement démontrés.
En premier lieu dans cette enquête apparaît le nom de Paul Manafort, le directeur de campagne de Donald Trump, poursuivi pour « complot contre les Etats-Unis » mais aussi « blanchiment d’argent » et « fausse déclarations ». En tout, 12 chefs d’inculpations sont retenus contre lui. Mais l’acte d’inculpation ne fait pas référence à la campagne électorale de Trump ou directement à la Russie.
Cependant, Paul Manafort, et son associé Richard Gates, se voient reprocher des activités non déclarées de lobbyiste et consultant en faveur d’un pays étranger, en l’occurence l’Ukraine et son ancien président pro-russe, Viktor Ianoukovitch. Plus de 75 millions de dollars ont transité par des comptes offshore gérés par les deux hommes. Devant la juge fédérale à Washington, Paul Manafort a plaidé non coupable et a été assigné à résidence.
« Paul Manafort est arrivé à un moment dans la campagne où il fallait tout faire pour viser Hillary Clinton. Sa nomination avait beaucoup étonné les républicains car ils savaient qu’il est un lobbyiste pro-russe assez controversé », a commenté Marie-Cécile Naves, spécialiste des Etats-Unis, sur France Inter.
Georges Papadopoulos accusé de mensonge et d’entrave à l’enquête du FBI
Dans cette affaire, un autre proche de Trump est mis en cause. Il s’agit de George Papadopoulos, conseiller en politique étrangère pendant la campagne. Il a été mis en examen pour avoir menti au FBI sur ses contacts répétés avec des intermédiaires de Moscou.
Auprès d’eux et notamment d’un « professeur » dont l’identité reste inconnue, il aurait appris que Moscou détenait « de quoi salir » Hillary Clinton, sous la forme de milliers d’emails. Georges Papadopoulos avait déclaré avoir rencontré cette personne avant de rejoindre rejoindre la campagne de Donald Trump. Il a avoué avoir menti sur la date de la rencontre.
Une entrevue très gênante pour la Maison Blanche. Ainsi, hier, au cours d’un point-presse , Sarah Huckabee-Sanders, porte-parole du gouvernement a déclaré que ces trois poursuites n’avaient aucun lien avec la campagne de Donald Trump. Elle a surtout voulu minimiser le rôle de l’ancien conseiller, qui n’aurait eu qu’un rôle « extrêmement limité » dans la campagne.
Sur Twitter, Donald Trump dément les accusations
« Cela devient compliqué pour le président notamment parce que George Papadopoulos est en train de se mettre à parler. Très clairement, ce qui intéresse Robert Mueller, c’est la possible collusion avec la Russie. Or, avec Papadopoulos, il y a des liens qui commencent à s’établir », analyse également Marie-Cécile Naves, chercheuse associée à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS).
Selon elle, les tweets de Trump montrent sa nervosité dans cette affaire. Il évite d’ailleurs de parler de Georges Papadopoulos, dont les liens avec la Russie sont plus évidents.
Réagissant sur Twitter, Donald Trump a affirmé que les faits reprochés à Paul Manafort remontaient à des années. « Il n’y a AUCUNE COLLUSION ! Pourquoi Hillary la crapule et les démocrates ne sont-ils pas visés ? », a posté le président américain.
The Fake News is working overtime. As Paul Manaforts lawyer said, there was « no collusion » and events mentioned took place long before he…
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 31 octobre 2017
….came to the campaign. Few people knew the young, low level volunteer named George, who has already proven to be a liar. Check the DEMS!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 31 octobre 2017
….Also, there is NO COLLUSION!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 30 octobre 2017
Le procureur devrait également s’intéresser à la famille de Donald Trump. Son fils et son gendre auraient rencontré un grand banquier proche de Vladimir Poutine et une avocate russe proche du Kremlin, possédant elle aussi des informations sur Hillary Clinton.
Facebook a diffusé 80 000 contenus de propagande russe à 29 millions d’utilisateurs dans le but d’influencer les élections
Mais dans cette ingérence russe, si le niveau d’implication des membres de la campagne de Trump n’a pas encore été clairement établi, il ne faut pas non plus oublier le rôle de Twitter, Facebook et Google. Le réseau social Facebook doit notamment s’expliquer sur les 80.000 contenus adressées sur le fil d’actualité de 29 millions d’utilisateurs. Mis en ligne l’année dernière ils ont relayé la propagande russe, dans le but d’influencer les élections américaines. Ils diffusaient notamment des messages orientés contre la candidate démocrate Hillary Clinton.
Le réseau social avait avoué début octobre, qu’environ 10 millions de personnes aux Etats-Unis ont visionné des contenus sponsorisés financés par 500 comptes activés depuis la Russie.
Si l’on prend en compte le nombre de partage, de j’aime et de commentaires sur ces publications, financées par l’entité russe « Internet Research Agency », la manipulation de l’opinion serait beaucoup plus importante que prévue.
Plus de 30 000 comptes Twitter liés à la Russie ont généré des contenus avant l’élection
Google a également reconnu avoir trouvé des contenus du même genre sur sa plate-forme. « Nous avons trouvé des preuves de tentatives de détournement de nos plateformes pendant l’élection américaine de 2016 par des acteurs liés à l’Internet Research Agency en Russie », a écrit Google.
Dans le cas de Twitter, le réseau a identifié 36 746 comptes qui seraient liés à un compte russe et qui auraient « généré de façon automatisée des contenus liés à l’élection » dans les trois mois précédent le scrutin.
Toutes ces révélations, qui surviennent à quelques jours du premier anniversaire de l’élection de Donald Trump, ne font que nuire davantage à sa popularité déjà en berne. Un nouveau sondage publié dimanche dernier par NBC et le Wall Street Journal révèle que 38 % des Américains approuvent l’action du président des États-Unis, contre 58 % d’opinions négatives. Les chiffres les plus bas depuis son élection.