Pages Facebook pro-palestiniennes fermées, interdiction de l’appel au boycott d’Israël ou amalgame entre l’antisionisme et l’antisémitisme… A-t-on, en France, le droit de contester la politique israélienne ? Ce lundi, l’Association France Palestine Solidarité organise, sous le patronage d’Esther Benbassa, sénatrice EELV de Paris, un colloque sur ce thème.
Plusieurs intellectuels profitent de cet événement pour publier une tribune dans laquelle ils appellent à pouvoir « dénoncer les injustices subies par le peuple palestinien » en toute liberté. Selon eux, contester la politique israélienne est « un droit qui reste à conquérir. » Pascal Boniface, Rony Brauman, Ivar Ekeland, Bertrand Heilbronn, Christiane Hessel, Renée Le Mignot ou encore Dominique Vidal sont les signataires de cette tribune.
Mettre fin aux pressions et interdictions
Ces intellectuels dénoncent notamment « les pressions et les interdictions », en rappelant que plusieurs élus de la République n’ont pas été autorisés à se rendre en Israël en novembre dernier, alors qu’ils voulaient rendre visite à Marwan Bargouthi. Les signataires rappellent également la « liste noire » des associations pro-BDS dont les membres sont désormais interdits d’entrée sur le sol de l’Etat hébreu.
Ils dénoncent également, de la part des politiques, « la promotion d’une ‘définition’ de l’antisémitisme qui prendrait en exemple la critique ‘excessive’ de la politique israélienne. » Il s’agit, toujours selon ces intellectuels, d’une « insulte au combat antiraciste. »
« Liberté d’expression et d’action citoyenne »
Le colloque organisé au Sénat est également l’occasion d’annoncer le lancement de « 6 principes pour un débat libre et démocratique sur la question israélo-palestinienne », qui doit permettre de « donner le coup d’envoi d’une mobilisation citoyenne. » « Nous ne voulons plus nous laisser intimider, dénigrer, nous avons la force d’être ensemble et la volonté, partout, de faire reculer la peur de s’exprimer », expliquent les signataires de la tribune.
Des intellectuels qui en appellent également au président de la République. Ils attendent d’Emmanuel Macron « qu’il cesse d’encourager et reprendre les amalgames (notamment entre antisionisme et antisémitisme), qu’il rejette clairement la projet de donner une définition, de surcroît manipulée, de l’antisémitisme, qu’il donne des limites claires au débordement des approches communautaristes, et qu’il soit le garant de notre liberté d’expression et d’action citoyenne. »