En mars dernier, Mamadou, Ilyas et Zakaria sont contrôlés à la gare du Nord au retour d’un voyage scolaire. Trois élèves en terminale à Epinay-sur-Seine calmes et fatigués du voyage. Mais les policiers affirment faire leur travail. Ilyas est attrapé par le bras et tutoyé. Mamadaou, lui, est accusé par un policier devant ses camarades d’avoir un casier judiciaire. L’enseignante des trois adolescents n’en est pas à son premier contrôle au faciès : un an plus tôt, elle a vécu le même épisode ou presque. Elise Boscherel décide alors d’aller porter plainte au commissariat. Ce dernier refuse de l’enregistrer. L’enseignante choisit alors les médias pour relayer cette affaire et pointe les trop nombreuses « discriminations en sorties scolaires. » Une plainte va être déposée pour « engager la responsabilité de l’Etat va être lancée », indique l’avocat des trois lycéens, qui assure au Bondy Blog que « nous ne pouvons plus laisser notre jeunesse, nos enfants, maltraités de la sorte. »
« Racailles » et « sauvages »
Et tout le monde est déterminé à aller « jusqu’au bout. » « Ce pays, c’est le pays des droits de l’Homme. Alors, ce qui nous arrive, je ne peux pas l’accepter », explique Mamadou au Bondy Blog. Il veut tout faire, raconte Le Monde, pour que « dans dix ou quinze ans, (ses) enfants ne vivent pas la même chose. » Il faut dire que personne à Epinay-sur-Seine ou dans les autres quartiers ne comprend pourquoi François Hollande n’a pas respecté sa promesse de lutter contre les contrôles au faciès. Le mois dernier, de nombreux professeurs de banlieue avaient, ensemble, dit leur ras-le-bol des discriminations envers leurs élèves en sorties scolaires, dans le quotidien du soir. Comme lorsqu’un gardien du musée d’Orsay avait demandé à des lycéens de « fermer leurs gueules » ou lorsque des élèves du lycée Cachin à Saint-Ouen s’étaient sentis « fliqués » par les gardiens du musée d’Art moderne de Strasbourg. Une autre enseignante racontait qu’à Lens, au Louvre, les visiteurs dans la file d’attente dénonçaient « la présence de ‘racailles’ et de ‘sauvages’. » Sur Twitter, « Rachid l’instit » raconte lui aussi le racisme quotidien. Lors d’une sortie scolaire, alors qu’il se présente et disant son prénom et son nom, on lui demande s’il est le vigile. Un exemple parmi tant d’autres des discriminations qui banalisent jour après jour les contrôles au faciès.
En sortie scolaire, je rencontre un intervenant :
– Bonjour, Rachid Z.
– Ah le vigile ?
– Non, le prof. #SurementMesMuscles 😏— Rachid l’instit (@rachidowsky13) March 31, 2017