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Conversions et discriminations : une semaine (presque) normale en Europe

Echanges inter religieux européens

Une vague de conversions a lieu en Europe, touchant des réfugiés demandeurs d’asile ainsi que les figures politiques qui cherchent à les garder hors de nos frontières, comme c’est le cas en Autriche, aux Pays-Bas et en Allemagne.

Cette semaine, on a appris qu’Arthur Wagner, membre influent du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), s’est converti à l’Islam. Le 11 janvier, le vice-président du Land de Brandebourg a démissionné du parti d’extrême droite dont l’un des objectifs déclarés était d’interdire les musulmans, les mosquées et les niqabs en Allemagne.

« C’est une affaire privée », a déclaré Wagner à Der Tagesspiegel lorsqu’il a été interrogé sur son départ du parti, ajoutant qu’il s’agissait d’une décision qui lui est propre.

Sa conversion n’est pas la première à faire frémir l’ultra-droite européenne. En 2013, Arnoud van Doorn a également embrassé l’Islam. À l’époque, il était membre du Parti pour la liberté (PVV), une formation nationaliste néerlandaise dirigée par le suprémaciste blanc Geert Wilders.

Depuis les élections de 2017, le PVV est le deuxième parti de la Chambre des représentants. Pendant ce temps-là, alors qu’il aurait pu être un des fers de lance de la haine et de l’intolérance, Van Doorn est maintenant président de la Fondation européenne Da’wah et a accompli le Hajj (pèlerinage à la Mecque).

Il s’agit là de coups durs pour les partis politiques dont les membres et les campagnes aux visées électoralistes insistaient sur la prétendue « islamisation » des nations occidentales.

Mais une autre histoire de conversions émerge, qui reçoit encore moins d’échos.

Des témoignages suggèrent qu’un nombre croissant de réfugiés musulmans en Europe deviennent chrétiens. Au cours des trois premiers mois de 2016, l’Eglise catholique autrichienne a enregistré 300 demandes de baptêmes pour adultes. L’institut pastoral autrichien a estimé que 70 % des personnes converties sont des réfugiés venus de pays musulmans.

A l’église de la Trinité, dans la banlieue de Berlin, le pasteur Gottfried Martens assure que sa congrégation est passée de 150 à près de 700, gonflée par des musulmans convertis au christianisme. De plus, les églises de Berlin et de Hambourg auraient organisé des conversions de masse pour les demandeurs d’asile dans… des piscines municipales.

Rien de très surprenant. Certains réfugiés seront sans aucun doute sincères dans leur nouvelle foi. Mais il y a aussi d’autres facteurs plus complexes qui entrent en jeu tels que la gratitude envers les groupes chrétiens qui offrent leur soutien lors des opérations de départ de régions déchirées par la guerre. Sans parler du fait que la conversion puisse favoriser les demandeurs d’asile dans leurs démarches.

Les conversions ne doivent pas être considérées comme une menace mais comme une histoire de recherche mutuelle et de partage des compréhensions. Alors que l’histoire de la religion dans l’Europe du 21e siècle se déroule, peut-être que cette année, nous verrons Tommy Robinson et Katie Hopkins — tous deux membres de l’ultra-droite britannique— se convertir à l’Islam.

Préjugés

Il semble que les femmes musulmanes subissent de nombreux préjugés dans les villes occidentales, où nous sommes visibles. Après tout, si un homme avec une barbe peut être considéré comme un hipster, la plupart des femmes portant le hijab sont forcément et uniquement considérées comme des musulmanes.

Mais le hijab nous permet également de nous reconnaître et de nous aider les unes les autres dans la rue. Cela devrait nous encourager à nous saluer et à montrer un bon comportement et de bonnes manières envers tout le monde dans les espaces publics. Cependant, cela peut aussi contribuer à la discrimination.

Le rapport de la Chambre des communes, intitulé « Possibilités d’emploi pour les musulmans au Royaume-Uni (2016) », reconnaît que les femmes musulmanes constituent le groupe le plus défavorisé sur le plan économique en Grande-Bretagne. Et ce pour trois raisons : nous sommes confrontées à des préjugés liés à l’emploi parce que nous sommes des femme, BME — Black and Minority Ethnic — et visiblement musulmanes.

Désormais, nous avons des preuves d’une discrimination des consommateurs musulmans liée à leur nom. Des journalistes ont montré que des compagnies d’assurance automobile facturaient des contrats plus élevés pour les clients s’appelant Mohammed.

« John Smith » qui désire une assurance complète pour une Ford Focus à Leicester, a trouvé en ligne un contrat de 1 333 livres sterling. Mais pour « Mohammed Ali », la couverture d’assurance s’élève à 2 252 livres. 919 livres de différences pour le même produit.

Pour Mohammed Butt, victime de ces discriminations, « c’est du racisme pur et simple. Ils ne peuvent pas dire que les Mohammed sont des plus mauvais conducteurs que les John. J’ai reçu un email de la part de mon assureur Bell (une société nommée dans l’enquête) qui dit :

‘Ce n’est pas le cas et nous n’avons jamais utilisé cette information — l’origine du nom — pour fournir un devis à nos clients. Nous sommes désolés si cette histoire vous a causé du tort.’ »

Tout cela me rappelle une blague lue sur les réseaux sociaux :

« Comment appelez-vous un conducteur musulman qui veut une assurance automobile ?

“Surfacturé”

Il est temps d’utiliser le pouvoir de la livre sterling verte (musulmane) et de changer d’assureur.

* Lauren Booth est journaliste et éditrice, elle donne des conférences sur l’islamophobie dans les médias. Elle donne régulièrement des conférences dans des facultés à l’échelle mondiale sur les questions sociales et politiques.

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