Le nouveau candidat s’appelle Joe Walsh et fut élu au Congrès en 2010 pour un seul mandat, au début de la vague ultra-conservatrice Tea Party, viscéralement opposée à Barack Obama.
« Je suis candidat car il est incompétent. Il faut que quelqu’un se dévoue », a expliqué Joe Walsh dans une interview sur la chaîne ABC dimanche. « Il est cruel. Il est raciste, et il est narcissique ».
Avant lui, un républicain modéré, l’ancien gouverneur du Massachusetts Bill Weld, était entré dans cette étrange course où Donald Trump s’est lancé comme gagnant d’avance.
Mais aux Etats-Unis, la règle est que la réinvestiture des présidents sortants par leurs partis passe par des primaires, aussi courues d’avance soient-elles. Même Barack Obama fut formellement réinvesti en 2012 par des scrutins, qui certes n’avaient vu qu’une opposition et une participation symboliques.
Dans certains cas, le parti est divisé et les présidents sortants doivent se battre réellement. Tel fut le cas du président démocrate Jimmy Carter, très sérieusement menacé jusqu’à la convention d’investiture par le sénateur Ted Kennedy en 1980. En 1992, le président républicain George H. W. Bush dut se battre sur sa droite contre Pat Buchanan. Les sortants furent réinvestis, mais pas réélus.
Cette année, les rares républicains qui ne se sont jamais résignés à soutenir Donald Trump espéraient recruter des poids lourds pour, sinon le priver d’investiture, au moins lui signifier que sa domination sur le parti n’était pas totale.
Pas de grand rival
Le candidat de dimanche, Joe Walsh, est une recrue étonnante pour ce combat. Il l’a lui même reconnu: « J’ai aidé à créer Trump ».
Il était un soldat de la révolution du Tea Party de 2010, qui a catalysé l’avènement de Donald Trump six ans plus tard en poussant le parti républicain dans une direction plus radicale, plus populiste et anti-immigration. Joe Walsh disait à l’époque que Barack Obama était musulmanet un « traître ».
« La beauté du travail du président Trump est qu’il m’a conduit à réfléchir aux choses que j’ai pu dire dans le passé », a dit Joe Walsh dimanche. « La politique sale, je le regrette. Je suis désolé ».
Les républicains « veulent le départ de Trump. Mais ils ont peur de dire qu’il est incapable », assure-t-il.
En réalité, le soutien apporté en 2016 à Donald Trump par les grands élus républicains, notamment au Congrès, fut le fruit d’un calcul très pragmatique encore plus valable pour 2020.
Avec Donald Trump à la Maison Blanche, ils sont mieux lotis qu’avec un démocrate. Le président a nommé deux juges conservateurs à la Cour suprême et signe lois et décrets longtemps voulus par les conservateurs.
Sa domination est telle que ses ex-rivaux des primaires de 2016 ont, à ce stade, renoncé à le défier pour 2020. Même Mitt Romney, sénateur de l’Utah, ancien candidat présidentiel en 2012 et l’un des détracteurs internes les plus notables de M. Trump, semble avoir conclu que l’affaire était futile.
« Mon audience au sein du parti républicain, ces temps-ci, est grande comme ça », a-t-il lancé récemment, en rapprochant de près ses deux mains, selon le journal Salt Lake Tribune.
Le monde politique attend toutefois toujours de connaître les intentions définitives de quelques autres républicains critiques, notamment de John Kasich, qui fut le dernier candidat dans la course des primaires contre Donald Trump en 2016 et joue la carte modérée.