Intitulé « Powder Keg Paris » (La poudrière de Paris) et rédigé par Andrew Malone, cet article de 2.000 mots était paru le 28 juillet 2018. La sous-préfecture de Seine-Saint-Denis (93) y est notamment décrite comme « un État dans l’État, avec ses propres règles et ses tribunaux religieux », où « parler l’arabe est plus utile que le français ».
L’article a fait l’objet d’une plainte déposée par Miqdaad Versi, un porte-parole du Muslim Council of Britain, la plus importante association de musulmans britanniques, auprès de l’IPSO (Independent Press Standards Organisation), le régulateur de la presse au Royaume-Uni.
L’IPSO a reproché fin janvier au DailyMail de présenter « comme un fait établi » que « 350 jihadistes connus vivent à Saint-Denis », un nombre que le journal « n’a pas pu justifier ».
Selon le tabloïd, ce chiffre repose en fait sur des déclarations faites par un « responsable » anonyme à une autre publication et selon lesquelles il y aurait « environ 30 terroristes potentiels vivant en Seine-Saint-Denis et environ 300 extrémistes qui les soutiendraient ».
Le DailyMail a apporté un correctif dans son édition de mercredi, écrivant qu’il n’existait « aucun chiffre officiel portant sur le nombre des jihadistes » à Saint-Denis et dans le département de Seine-Saint-Denis.
Le journal a également été épinglé par le régulateur pour avoir affirmé que « 1.700 jihadistes sont rentrés en France après avoir combattu pour le groupe État Islamique en Syrie ». La publication a reconnu qu’il s’agissait en fait du nombre des personnes radicalisées ayant quitté la France pour rejoindre l’EI.
L’IPSO a également reproché au tabloïd d’avoir diffusé une « information inexacte » et de n’avoir pas fait de « distinctions entre des commentaires et des faits », en soutenant que 300.000 migrants clandestins habitaient à Saint-Denis.
Concernant le territoire désigné, le journal a reconnu avoir raccourci le nom du département, la Seine-Saint-Denis, pour celui de Saint-Denis, par « souci de simplicité », jugeant ces noms « interchangeables ». Concernant le chiffre, il explique s’être fondé sur le rapport d’information présenté par les députés François Cornut-Gentille et Rodrigue Kokouendo le 31 mai 2018.
Ce rapport révèle que, sur la base des « estimations des interlocuteurs rencontrés par les rapporteurs », les « personnes en situation irrégulière seraient entre 150.000, 250.000 personnes, voire 400.000 » en Seine-Saint-Denis.
Concernant les « tribunaux religieux », l’auteur de l’article a expliqué que ses propos reposaient sur « sa propre expérience », notamment sur des discussions avec des habitants. Cette affirmation n’a pas fait l’objet d’une décision de l’IPSO.
Enfin, le DailyMail a précisé parmi ses « clarifications » que les 160 mosquées qu’il a recensées dans le département renvoyaient en fait aux « mosquées et salles de prières ». « Nous présentons nos excuses pour toute confusion », a conclu le journal.