Après les nominations de l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun, de l’islamologue algérien Ghaleb Bencheikh, de la présidente du Club du XXIe siècle Najoua Arduini-Elatfani ou encore du recteur de la Grande Mosquée de Lyon Kamel Kabtane au sein de la Fondation pour l’Islam de France, un « nouveau » venu va intégrer l’association qui sera présidée par Jean-Pierre Chevènement. En effet, Dalil Boubakeur va prendre la présidence du conseil d’orientation de l’organisation. Le recteur de la Grande Mosquée de Paris sera, avec ce conseil d’orientation, en charge de « proposer et d’évaluer les programmes qui lui seront soumis. »
L’ancien président du CFCM tancé par Bernard Cazeneuve
Un choix qui interpelle : Dalil Boubakeur a été président du Conseil français du culte musulman (CFCM) entre 2003 et 2008. Or, selon nos sources, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve aurait justement, en mars dernier, tancé le CFCM pour son immobilisme pendant ces douze dernières années. Le ministre reprocherait au CFCM de n’avoir pas su s’organiser et d’avoir précipité la chute de la mort-née Fondation des œuvres de l’Islam de France (FOIF). Etonnamment, c’est donc l’un des principaux artisans de cet immobilisme qui prend la tête d’un conseil d’orientation qui comprendra une vingtaine de personnes, selon le ministère de l’Intérieur.
Alors que la Fondation est censée annihiler les financements étrangers, particulièrement ceux des provenant des pays du Golfe, de l’Algérie et du Maroc, l’arrivée de Dalil Boubakeur soulève également une question : la Grande Mosquée de Paris est en effet largement financée par les autorités algériennes — à hauteur de 2 millions d’euros par an —, qui ont même entamé, en décembre dernier, les « procédures visant à faire de la mosquée de Paris une propriété de l’Etat algérien », comme l’indiquait à l’époque le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa. Dalil Boubakeur était-il le mieux placé pour une telle fonction ?