Le burkini agite toujours les débats, à droite. Notre chroniqueur estime qu’il faut arrêter d’interroger les candidats à la présidentielle sur ce sujet et qu’il faut passer à autre chose.
C’est un peu l’été indien des politiques. Alors que l’automne est bel et bien arrivé, ces derniers continuent de débattre sur le burkini. Interrogé ce matin par Jean-Jacques Bourdin ce jeudi matin sur BFMTV et RMC, Nicolas Sarkozy a en effet déclaré : « Nous ne voulons pas de burkini, c’est une vision de la femme moyenâgeuse. En France, le corps de la femme c’est pas le diable. Si la République ne met pas une barrière, demain toutes les petites musulmanes seront obligées de porter le voile. » Le burkini est-il donc l’un des thèmes qui demeureront pendant toute la campagne présidentielle ? Certainement, et pour preuve, tous les candidats à la primaire de la droite et du centre ont été interrogés sur le sujet.
Nicolas Sarkozy, défenseur de la mini-jupe et du jean
Au-delà du simple vêtement de baignade, ce débat sans fin montre l’obsession de la droite en général, et de l’ancien président de la République en particulier, pour les musulmans. Car le burkini est le point d’entrée d’une idéologie plus large, celui de l’éventualité d’imposer aux Françaises une tenue qui serait « conforme à la tradition française. » Pour Nicolas Sarkozy, débattre de la tenue des femmes semble presque être une obligation. « C’est mon devoir de défendre des jeunes françaises musulmanes qui doivent pouvoir choisir leur fiancé, porter une mini-jupe, un jean sans être obligées d’avoir un voile », explique le candidat à la primature. Imposer la mini-jupe ou le jean serait donc, pour Nicolas Sarkozy, un « devoir. » L’ex-président montre également qu’il devrait rapidement officiellement proposer d’interdire le port du voile dans l’espace public.
Cette « droite qui soudainement s’est convertie à la laïcité mais que contre l’Islam », comme la définit Caroline Fourest, commence cependant à exaspérer. Les électeurs aimeraient que l’on parle économie, chômage. Même NKM, à droite, n’en peut plus de ce débat sur le burkini. Chantal Jouanno, présidente de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes au Sénat, a d’ailleurs prévenu : « Pour nous législateurs, en-dehors des cas des agents publics qui ont un devoir de neutralité, il est important d’être libre de porter ou de ne pas porter certaines tenues vestimentaires. Nous n’avons pas à légiférer sur des tenues vestimentaires. » Le débat porté par Nicolas Sarkozy risque donc autant de polluer les médias que d’être stérile. Et si on arrêtait de parler du burkini pour se concentrer sur l’essentiel ?