C’est de la capitale saoudienne Riyad que le Premier ministre libanais Saad Hariri avait annoncé, la semaine dernière sur la chaîne satellitaire Al-Arabiya (propriété Saoudienne), sa démission. Depuis, le doute plane quant aux raisons de cette décision soudaine et surtout de son annonce en faite dans un pays tiers.
L’ex-Premier ministre libanais se serait rendu aux Emirats arabes unis avant, selon Reuters, de rejoindre Bahreïn. Mais d’autres sources assurent que Saad Hariri est toujours en Arabie Saoudite. Un journaliste libanais assure même qu’un officiel lui aurait déclaré croire « que Hariri est en résidence surveillée en Arabie Saoudite. » Une déclaration confirmée par Reuters.
#Breaking: First Lebanese Official Statement, « we believe Hariri is under house arrest in #Saudi » https://t.co/QE3ypWRuAT pic.twitter.com/vq1qKgLlL1
— Mohanad Hage Ali (@MohanadHageAli) 9 novembre 2017
La seule chose certaine, c’est en tout cas que la façon d’annonce sa démission n’a pas plu au Liban, où le président de la Chambre des députés, Nabih Berri, a indiqué que cette démission était « anticonstitutionnelle. » Si bien que le président de l’assemblée ne veut pas entendre parler de remaniement ministériel.
Le politique libanais insiste sur « l’importance de préserver l’unité nationale et de renforcer intérieurement le pays. » Nabih Berri demande expressément le retour de Saad Hariri au Liban pour « valider sa démission. » D’ici là, celle-ci n’est pas acceptable. Notamment parce que la Constitution du pays impose à Hariri effectuer la transition et rester lui-même Premier ministre par intérim.
Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) estime que « les Saoudiens ont contraint le Premier ministre libanais, Saad Hariri, à la démission. » Le chercheur s’étonne que Hariri ait annoncé cette nouvelle sur une chaîne saoudienne. Cela, assure-t-il, « en dit long sur la conception saoudienne des relations internationales et du droit international. »
Mais pour Didier Billon, avant tout, cette démission imposée par Riyad « confirme les tensions existantes entre l’Arabie Saoudite et le Liban. » C’est un message clair envoyé à Beyrouth : en laissant le Hezbollah permettre à Michel Aoun de devenir président, le Liban ne doit pas compter sur l’Arabie Saoudite.
« Cette montée en puissance du Hezbollah a été vécue comme un affront par Riyad qui a tenté de se servir de Saad Hariri pour contrer son influence », estime Didier Billon, qui conclut que « l’éviction du Premier ministre libanais est donc cohérente avec la volonté du royaume saoudien de réorganiser la région sous son égide mais exprime dans le même temps une grande faiblesse. »