Plus de vingt millions de personnes en danger et sept millions d’habitants menacés par la famine faute d’accès à une aide humanitaire rapide. Le constat date de plusieurs mois et pourtant, au Yémen, rien ne bouge. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Unicef et le Programme alimentaire mondial (PAM) sont pourtant unanimes : « Des milliers de victimes innocentes, et parmi elles de nombreux enfants, vont mourir » les associations humanitaires ne peuvent agir sur le sol yéménite. Nous sommes, dans ce pays, face à « la plus grande crise humanitaire au monde », estiment même les Nations Unies.
Dans ce pays où un enfant meurt toutes les dix minutes de maladies pouvant être évitées, l’ONG chrétienne contre la torture et la peine de mort ACAT pose la question de la responsabilité de la France dans cette tragédie. « Alors qu’elle appelle à une solution pacifique du conflit, la France continue d’approvisionner l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis en armes », déplore l’ONG qui accuse : « D’une main elle caresse, de l’autre elle jette de l’huile sur le feu. »
ACAT France regrette le fait que les autorités françaises ne demandent pas des garanties à leurs clients. Si les armes françaises étaient utilisées au Yémen, l’Hexagone contreviendrait au droit international : « De sérieux doutes planent sur la conformité de ces ventes au Traité sur le commerce des armes dont la France a été un des fers de lance, ainsi qu’à la Position commune de l’Union européenne définissant des règles sur les exportations d’armes », estime l’ONG chrétienne.
ACAT estime par ailleurs que la position de la France n’est pas claire, alors que d’autres pays — l’Allemagne, la Norvège et le Canada — ont pris conscience de la tragédie qui se joue au Yémen et limité leurs ventes d’armes aux pays de la coalition qui bombarde chaque jour ce pays. « La mobilisation citoyenne a conduit les gouvernements à prendre conscience de l’illégalité et des conséquences humaines potentiellement désastreuses de leurs exportations d’armes à la coalition dans le conflit au Yémen », assure l’ONG qui demande, en France, « d’ouvrir un vrai débat démocratique sur le sujet. »
L’organisation chrétienne demande aux citoyens de s’adresser aux députés car, « de cette façon, nous multiplions nos chances de faire la lumière sur les ventes d’armes françaises à l’Arabie Saoudite et aux Emirats arabes unis. »