Le premier feu est éteint, sur les trois grands incendies électoraux qui risquent de se déclarer sur le continent européen. En attendant les élections présidentielles françaises et générales allemandes (respectivement en avril-mai et en septembre prochains), le Parti populaire libéral et démocrate (VVD, centre droit) du Premier ministre néerlandais Mark Rutte, s’est imposé dans les législatives organisées hier. Une victoire sans appel : le dépouillement de plus de la moitié des bulletins de vote montre que le VVD a gagné 32 sièges (sur 150 au total), soit au moins 13 de plus que le Parti de la Liberté (PVV) emmené par l’ultra-nationaliste Geert Wilders. C’est même une défaite cuisante pour l’extrême droite, qui se rêvait franchir la première la ligne d’arrivée, puisque l’Appel démocrate-chrétien (CDA) est venu s’intercaler en deuxième position avec 20 sièges, reléguant le PVV en troisième position. Après une année 2016 marquée par la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) et l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, « les Pays-Bas ont dit « Stop ! » au populisme », a déclaré Rutte une fois la victoire assurée. « Nous voulons persévérer dans le chemin que nous avons tracé – sûr, stable et prospère », a ajouté celui qui se prépare à un troisième mandat de Premier ministre.
« Rutte ne s’est pas débarrassé de moi ! »
S’il a reconnu sa défaite, Geert Wilders ne compte toutefois pas redescendre de la scène politique, qu’il a dominée ces derniers mois par ses provocations et déclarations islamophobes et xénophobes. Celui dont la campagne a reposé sur la fermeture des frontières aux migrants musulmans, l’expulsion de Marocains (l’une des plus importantes communautés étrangères établies aux Pays-Bas), l’interdiction du Coran, la fermeture des mosquées et la sortie du pays de l’UE, insiste qu’il faudra désormais compter avec lui, quel que soit le résultat définitif. « Ce ne sont pas les 30 sièges que nous espérions », a-t-il commenté hier soir, mais « Rutte ne s’est pas débarrassé de moi ! ». En tout cas, la chute du nombre de sièges du PVV est éloquente : de 24 députés en 2010, le parti de Wilders s’est retrouvé avec 15 sièges en 2012 et, donc, 13 seulement hier, représentant à peine 12% des électeurs. Alors que la campagne de Mark Rutte était placée sous la pression de celle de son adversaire d’extrême droite – qu’il a parfois tenté d’imiter -, il semble que le refus opposé la semaine dernière à la participation de ministres turcs à des meetings politiques pro-Erdogan dans le pays ait joué un rôle déterminant dans son succès électoral. Un succès immédiatement applaudi par François Hollande, qui souligne sa « victoire évidente contre l’extrémisme » et et par le leader socialiste allemand Martin Schulz, qui, sur Twitter, a exprimé se sentir « soulagé » tout en rappelant la nécessité de « continuer à lutter pour une Europe ouverte et libre ».