En Inde, des sites du patrimoine islamique sont rasés au nom du « développement » de Delhi, suscitant l’indignation des habitants et des historiens. Le sanctuaire de Baba Haji Rozbih, l’un des plus anciens de New Delhi, a été récemment démoli dans le cadre du « programme de démolition » de l’Autorité d’aménagement de Delhi (DDA), qui vise à éliminer les « structures religieuses illégales ». Cette décision a ému la population et alerté les historiens sur la perte d’un patrimoine datant de la fin du XIIe siècle.
La destruction du sanctuaire, qui avait déjà 500 ans lorsque le Taj Mahal a été construit, est vécue comme une perte douloureuse pour les habitants qui y priaient régulièrement. La campagne de démolition, présentée comme un projet de développement, a également touché des structures hindoues, suscitant des interrogations sur ce qui remplacera ces sites historiques.
Ces démolitions interviennent dans un contexte sensible, marqué par des tensions religieuses et des revendications nationalistes hindoues. Le Premier ministre Narendra Modi a récemment inauguré un temple hindouiste à Ayodhya, construit sur le site d’une mosquée détruite par des fanatiques hindous en 1992. Ces actions s’inscrivent dans une tendance à valoriser l’héritage hindou au détriment de celui de l’islam.
Pour certains, comme l’historienne Rana Safvi, cette destruction représente une perte pour l’ensemble de la société, rappelant que le patrimoine appartient à tous. La démolition de ces sites historiques soulève des questions sur la préservation de l’histoire et de la diversité culturelle en Inde, dans un pays marqué par une riche tradition multiconfessionnelle et multiculturelle.