En Turquie, les élections ont consacré Recep Erdogan et son parti, l’AKP. Une surprise pour les médias français, qui espéraient la déroute du président au pouvoir depuis 2002.
Depuis plusieurs semaines, les médias parlent de la Turquie avec une véritable partialité. Présenté comme un président autoritaire, Recep Erdogan était pourtant, il y a quelques années encore, plébiscité par les médias de notre pays parce qu’il représentait un rempart contre l’axe du mal, l’Iran. Nous étions à l’époque en 2002. Treize ans plus tard, Erdogan est devenu la « tête de Turc » de la presse hexagonale. A priori, le peuple turc ne pense pas de la même façon…
Notre diplomatie à côté de la plaque
Car force est de constater que le parti du président convient aux Turcs, malgré ce que peuvent dire les médias français. Erdogan représente aujourd’hui la stabilité aux portes de l’Europe, avec le développement de l’Etat islamique et la crise des réfugiés. Suite à la victoire de l’AKP, « les marchés ont marqué leur satisfaction puisque la livre turque s’est immédiatement appréciée de 3 % par rapport au dollar et que la bourse d’Istanbul a gagné 5 % », explique même Sylvain Bellefontaine, économiste à BNP Paribas et spécialiste de la Turquie. Surtout, la victoire d’Erdogan prouve que l’islamo-démocratie est bel et bien possible et qu’il convient à la majorité du peuple turc.
La réaction de la presse, mais aussi des autorités françaises, doit nous pousser à réfléchir. Nous avons, en France, une diplomatie qui a parfois du mal à classer les dossiers par ordre d’importance… On passe des contrats avec l’Arabie saoudite, quelques années après avoir soutenu le président tunisien Ben Ali et reçu Khadafi à Paris. Alors, quand la France trouve qu’un président est autoritaire et qu’il termine en tête d’élections incontestables dans son pays, on peut douter du bien-fondé de nos critiques. Ce « Erdogan bashing » en totale contradiction avec les résultats du scrutin du 1er novembre montre que nous pouvons, parfois, être complètement à côté de la plaque.
« La politique économique prônée par Recep Erdogan reste l’inconnue » (ici)