L’Union européenne va obliger les étiquettes des produits importés à comporter le lieu exact de leur origine dans le cas où ils seraient produits dans les territoires palestiniens occupés. Une initiative symbolique, mais qui déplait fortement à Israël.
Il y a quelques jours, on apprenait que l’appel à boycotter Israël était déclaré illégal. Rien de plus logique, cette décision allant dans le sens des lois qui interdisent l’appel au boycott en général. Le mouvement Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) peut toutefois se satisfaire d’une mesure qui devrait rapidement entrer en vigueur : ce mercredi 11 novembre, la Commission européenne a demandé aux 28 Etats membres de l’Union de clarifier les étiquetages des produis importés du Proche-Orient. Les consommateurs devraient donc être mieux informés de la provenance exacte des produits vendus en supermarchés.
Netanyahu et le point Godwin
Car jusqu’à aujourd’hui, l’étiquetage « Made in Israël » prédominait lorsque les produits étaient fabriqués en Israël – logique ! –, mais également dans les territoires occupés. Or, l’Union européenne ne considère pas comme faisant partie du territoire israélien les territoires occupés depuis 1967. Les produits fabriqués dans les colonies comporteront donc une étiquette plus claire indiquant leur provenance réelle. Plus de « Made in Israel » ou du « Product of Israel », donc, sur les étiquettes des fruits, des fleurs ou des cosmétiques produits par ces colonies mais une nouvelle étiquette plus claire, façon « Made in colonies. »
Et le premier à pester contre cette mesure est évidemment Benyamin Netanyahu. En pleine forme depuis sa sortie sur la responsabilité des musulmans dans la Shoah, le Premier ministre israélien remet ça en comparant cette nouvelle obligation d’étiquetage à… l’étoile jaune durant la Seconde guerre mondiale. En juin, Netanyahu avait déjà comparé le mouvement BDS à l’Allemagne nazie. Le Premier ministre a une légère tendance à exagérer les comparaisons. Et il n’hésite pas à ériger le point Godwin à chacune de ses sorties, comme l’indique Pascal Riché dans L’Obs.
« Made in colonies », un label militant
Quoi qu’il en soit, le fait de pouvoir savoir que les produits proviennent des colonies permettra de clarifier notre façon de consommer. Si l’appel au boycott est interdit, grâce aux étiquettes « Made in colonies » – qui pourraient presque être considérées comme un label –, cela permettra à chacun de militer à sa façon. « L’Union européenne devrait avoir honte », a affirmé Netanyahu. C’est au contraire la première fois que l’on peut être aussi fier d’une décision de l’Union européenne. Si cette dernière indique qu’il s’agit d’une « question technique, pas une prise de position politique », la décision est éminemment symbolique, même si, indique BDS, elle « n’est pas une réponse à la mesure des crimes de guerre israéliens continus. »
L’origine des produits issus des colonies israéliennes sera désormais signalée sur l’étiquette (ici)