Ce vendredi 23 juin, l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis et l’Egypte ont adressé une liste de conditions au Qatar pour la levée du blocus. Une liste composée de treize points… qui prouvent à quel point les Saoudiens et leurs alliés n’ont aucune intention de mettre un terme à la crise actuelle. D’autant que ces conditions sont inacceptables pour un pays souverain. Les voici :
- La rupture de toute coopération militaire et sécuritaire avec l’Iran, en abaissant le niveau des relations et en fermant la représentation diplomatique de Téhéran à Doha.
- La fermeture immédiate de la base militaire turque en cours de construction et l’arrêt de la coopération militaire avec la Turquie.
- L’interruption de tout lien avec les organisations terroristes, en particulier les Frères musulmans, l’Etat islamique, le Front de la conquête du Levant (ex-al-Nosra) et le Hezbollah. Ce point reprend naturellement l’accusation, pas toujours étayée, d’un soutien direct du Qatar aux organisations radicales qui sèment le chaos au Moyen-Orient.
- La fin du financement d’individus, groupes ou organisations désignés comme terroristes par l’Arabie saoudite, les Emirats, l’Egypte, le Bahreïn ou les Etats-Unis. Derrière cette formulation, c’est clairement le Hamas — considéré comme terroriste par les différents pays mentionnés — qui est ciblé.
- Remettre les « personnalités terroristes » installées au Qatar et recherchées comme telles par les autorités de l’Arabie saoudite et ses alliés. Entrent dans cette description des individus connus comme le cheikh Youssouf al-Qaradawi puisqu’il figure parmi la récente liste des 59 personnalités terroristes dressée par Riyad et Abou Dhabi.
- Fermer la chaîne Al Jazeera et toutes les filiales qui lui sont liées.
- Mettre fin aux ingérences de Doha dans les affaires intérieures des pays de la région.
- Le Qatar devra payer des réparations en guise de dédommagements à ses voisins pour la nocivité de sa politique poursuivie ces dernières années.
- Le Qatar devra s’aligner sur les autres pays du Golfe pour la conduite de ses politiques aux niveaux militaire, social et économique.
- Le Qatar devra remettre toutes les informations sur les membres de l’opposition qu’il a pu héberger par le passé et l’arrêt de tout contact avec les opposants des régimes des quatre pays mentionnés.
- Fermer tous les médias que le pays a pu directement ou indirectement fonder comme les sites Arabi21, Al Araby al-Jadeed, Rassd, Mekameleen ou Middle East Eye. Ces sites sont hébergés en Turquie ou basés à Londres.
- Satisfaire aux exigences de cette liste dans un délai de 10 jours.
- Le Qatar devra consentir à un audit mensuel pour s’assurer de la mise en place effective de ces mesures au cours de la première année suivant l’approbation de l’accord.
Malgré la proximité avec le président Trump et les relations « amicales » qu’entretiennent l’Arabie saoudite et les Etats-Unis, le département d’Etat se dit « consterné » par les demandes des Etats responsables du QatarBan, et appelle ces derniers à établir une liste plus « raisonnable ».