« On ne vend pas des armes comme des baguettes de pain. » Quand Florence Parly veut « mettre un terme à une fiction », elle rappelle que les ventes d’armes sont l’objet d’un « examen extrêmement rigoureux » de plusieurs ministères qui « évaluent tous les risques. » Autrement dit, pour la ministre des Armées, les ventes d’armement français à l’Arabie saoudite seraient justifiées et ne dérogeraient pas aux traités internationaux.
La ministre a effectué une tournée des médias pour démentir la dépendance de la France vis-à-vis de l’Arabie saoudite. Quitte à s’appuyer sur des contre-vérités. L’Hexagone, explique en effet Florence Parly, est « un fournisseur modeste d’armes à l’Arabie saoudite. » Or, selon le dernier rapport parlementaire sur les exportations françaises d’armes, le royaume est… le second client de la France dans ce secteur, juste derrière l’Inde. Une modestie toute relative, donc.
Deuxième contre-vérité de Florence Parly : « A ma connaissance, les armes que nous avons vendues récemment ne sont pas utilisées contre les populations civiles. » Certes, admettait-elle devant les députés, « ce sont les civils qui paient le plus lourd tribut » de la guerre au Yémen et « le gouvernement en est pleinement conscient. » La ministre des Armées admet cependant qu’on ne peut pas savoir à quoi ont servi les armes françaises vendues à Riyad « il y a plus de 20 ans. »
Amnesty International rappelle que, depuis le début de la guerre au Yéman, « la France a vraisemblablement continué à livrer des munitions et à assurer la maintenance de matériels bien qu’ils soient engagés au Yémen, à l’exemple de chars Leclerc. La France a aussi fourni une assistance technique sur les Mirages 2000-9 émiriens utilisés dans le cadre du conflit. »
En avril dernier, l’Observatoire des armements et la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme évoquaient des « indices de présence » de matériel militaire français au Yémen. Notamment des canons Caesar et chars Leclerc fabriqués par Nexter, des drones de surveillance et des hélicoptères Cougar d’Airbus et des frégates françaises au large du Yémen.