Dans la seconde édition de l’European Islamophobia Report (EIR) – un rapport consacré à l’islamophobie en Europe – sortie aujourd’hui, Yasser Louati dresse le constat de l’année 2016 en France. Il y dénonce le fait que la France, « qui abrite la plus grande communauté musulmane du monde occidental, est parvenue à se transformer en laboratoire de l’islamophobie, en inspirant d’autres pays occidentaux à lancer des débats sur la neutralité religieuse dans l’espace public, à adopter des lois discriminatoires et à justifier la condamnation à mort sociale des musulmanes voilées exclues de l’école, du travail, voire d’universités. »
En France, « la banalisation du discours de haine visant les musulmans »
Pour le militant des droits de l’Homme, les chiffres tendant à montrer la baisse de l’islamophobie en 2016 doivent être pris avec des pincettes. « Après une année 2015 explosive, 2016 a été l’année de la violence islamophobe sponsorisée par l’Etat, sous couvert d’état d’urgence et de nécessité de trouver rapidement les coupables après chaque acte terroriste. » Des propos corroborés par le Conseil de l’Europe qui, indique le rapport, « a mis en garde le gouvernement français sur la banalisation du discours de haine visant les musulmans. » Yasser Louati de citer Eric Fassin, professeur de sociologie à l’Université Paris VIII, qui a accusé l’ex-Premier ministre Manuel Valls d’avoir « minimisé l’importance de l’islamophobie en refusant d’employer ce terme. »
La lutte contre l’islamophobie : « Un long et fragile chemin »
Dans son chapitre consacré à la France, Yasser Louati estime que « combattre l’islamophobie est forcément un long et fragile chemin. » Il dresse alors une série de recommandations. Parmi celles-ci, la levée de l’état d’urgence, l’application de la laïcité et la stricte séparation entre l’Etat et les affaires religieuses. « L’Etat français doit arrêter d’interférer dans les affaires musulmanes et, plutôt, faciliter pour les musulmans la création de mosquées autonomes et sous total contrôle de la communauté », écrit-il notamment. Le militant recommande également de lancer « une évaluation nationale sur les effets de l’interdiction du voile religieux en 2004 pour des élèves qui ont dû arrêter de fréquenter l’école publique et pour comprendre ce que ressentent celles qui sont obligées de retirer leur hijab avant de pénétrer dans l’établissement. »
Mettre la pression sur Facebook et Twitter pour lutter contre l’islamophobie
Par ailleurs, Yasser Louati demande l’abrogation de la « loi de 2004 interdisant le voile islamique », mais également de celle de 2010 « interdisant la burqa, déclarée anticonstitutionnelle mais appliquée pour motifs sécuritaires. » Parmi les autres propositions faites par Yasser Louati, certaines sont plus originales, comme la recommandation de supprimer le « financement public des nouveaux organes de presse promouvant l’islamophobie » et encore de mettre « la pression sur des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter pour qu’ils luttent efficacement contre les discours de haine envers les musulmans. »