Après avoir obtenu le départ le 2 avril de M. Bouteflika après 20 ans de pouvoir, les manifestants réclament désormais le départ des anciens piliers de la présidence déchue encore au pouvoir, en tête desquels le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, dont les manifestants nient toute légitimité politique.
« Nous attendons de notre peuple une compréhension qui s’élève à la hauteur du degré de confiance qui relie le peuple à son armée », a déclaré mercredi lors d’une nouvelle visite sur le terrain, le général Gaïd Salah, de facto devenu le véritable homme fort du pays.
Semblant rompre avec le ton plus martial qu’il avait adopté récemment, il a une nouvelle fois assuré que « le commandement de l’Armée (…) ne nourrit aucune ambition » politique, selon le texte de son discours publié par le ministère de la Défense.
« Notre objectif est de servir notre pays et accompagner en toute sincérité » le peuple algérien »afin d’amener notre pays à dépasser sa crise », a expliqué le général Gaïd Salah qui rejette depuis des semaines les revendications de la contestation, notamment la mise en place d’une période de transition avec des institutions ad hoc avant toute élection présidentielle.
L’armée « ne s’écartera pas de ses missions constitutionnelles nationales, que requiert la situation actuelle du pays, jusqu’à l’élection du président de la République, dans les délais constitutionnels, loin de toutes formes de transition », a-t-il une nouvelle fois prévenu.
Le 18 juin, le général Gaïd Salah avait déjà dit qu’une période de transition aboutirait « à la destruction des fondements de l’Etat ».
Depuis le départ de M. Bouteflika, le patron de l’armée, soutien indéfectible durant 15 ans du chef de l’Etat déchu, s’est exprimé une quinzaine de fois en public contre trois fois pour le président par intérim Abdelkader Bensalah, titulaire du pouvoir légal.
La présidentielle prévue le 4 juillet, et rejetée par la contestation, a été annulée faute de candidats, plaçant ainsi le pouvoir dans une situation délicate: la Constitution prévoit que M. Bensalah rende le pouvoir à un président élu d’ici le 9 juillet, un délai trop court pour organiser un nouveau scrutin.