Le mouvement des gilets jaunes constitue un phénomène absolument fascinant, tant il tranche avec l’histoire moderne de nos mobilisations populaires. Par delà les partis, les syndicats et tous les corps intermédiaires, mais aussi par delà toutes les catégories à sociologisation facile (étudiants, jeunes de banlieue, catholiques, gauchistes, fachos…), les gilets jaunes incarnent et surtout sont incarnés par le cœur du peuple français.
Un peuple peu politisé, largement étranger aux habituelles mobilisations syndicales ou associatives. Le gilet jaune c’est ce Français de la France périphérique qui gagne 1.500 euros par mois. Il n’en peut plus des fins de mois qui commencent le 15 et du sentiment de vértical mépris venu des élites, notamment parisiennes. Il en a marre souffrir en silence et que les débats dont s’occupent « Paris » soient si éloignés de ses problématiques quotidiennes.
A cet égard, je ne pense pas que le gilet jaune en ait marre des musulmans. Il en a marre, en revanche, d’entendre parler des musulmans et d’Islam à longueur d’antenne. Cela tombe bien, nous en avons marre aussi de ces sujets bidonnés, pour éviter de parler de l’essentiel.
L’essentiel, c’est que le seul réel objectif que doit s’assigner la politique est de rendre la vie des plus pauvres, des plus fragiles, des plus faibles, un peu plus supportable. Si elle ne fait pas cela, alors elle n’a d’autre finalité que de protéger le patrimoine des bourgeois.
Les gilets jaunes sont venus leur rafraîchir la mémoire. Ils ont bien raison.