C’est en septembre dernier que Julia Kloeckner, une députée de l’Union chrétienne-démocrate, et Jens Spahn, un membre du comité exécutif du parti, ont laissé planer l’idée de faire passer une “loi islamique” qui imposerait le recensement des musulmans d’Allemagne et un contrôle des mosquées. Spahn a déclaré en début de semaine que “les autorités du pays devraient savoir ce qu’il se passe au sein des mosquées” et que, selon lui, il n’était pas normal et en réalité, « inacceptable » que l’on ne sache pas “combien de mosquées existent en Allemagne, et qui les finance”. Le porte-parole d’Angela Merkel, Steffen Seibert, s’est empressé de répliquer qu’une “telle loi n’est aujourd’hui, en aucun cas une affaire gouvernementale”, le cabinet de la chancelière rappelant la liberté de religion comme “l’une des libertés centrales, protégée par notre constitution”. La “loi islamique” de l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne a été qualifiée d’idée « populaire et tordue” par l’ancien secrétaire général du parti, Ruprecht Polenz.
Une « loi » incompatible avec la liberté de religion
Le ministre de l’intérieur Thomas de Maizière a confirmé à N-TV que cette “loi” n’était pas en concordance avec la constitution allemande : “La religion fait partie intégrante de notre société, elle ne doit pas voir son statut réduit. C’est pour cela que l’on va s’assurer qu’aucun message de haine ne soit prêché dans les mosquées, et que la langue allemande y soit parlée”. Il a précisé être en faveur de l’introduction de tests de langue pour les imams, dont beaucoup, d’origine étrangère, prêchent dans les mosquées allemandes sans grande maîtrise de la langue. Cette nouvelle saillie intervient alors que tout au long des derniers mois, de plus en plus d’électeurs se sont tournés vers le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne, dont la popularité ne cesse de grimper depuis la crise des réfugiés de 2015 et sa farouche opposition à la politique migratoire de Merkel.