Le G5 Sahel qui a été lancé en juillet est une initiative militaire regroupant le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Tchad et le Niger, pour éradiquer les groupes djihadistes dans la région. Le G5 Sahel vise à former une force de 5000 hommes d’ici la mi-2018, pour sécuriser les zones où les groupes extrémistes mènent leurs actions, même s’ils ne seraient plus que quelques centaines désormais.
Ils ont en effet été en grande partie chassés par l’intervention militaire internationale lancée en janvier 2013 par la France, qui y maintient toujours 4000 hommes dans le cadre de l’opération Barkhane. Mais les djihadistes continuent à sévir et à affaiblir les états de la région.
Une réunion a donc été organisée le 13 décembre à la Celle-Saint-Cloud. Le but : « accroître la mobilisation sur les plans militaire, politique et financier » du G5 Sahel, selon l’Élysée. A cette occasion, Emmanuel Macron a annoncé que l’Arabie Saoudite était prête à verser 100 millions de dollars à cette force commune. Les Émirats arabes unis eux, contribueraient à hauteur de 30 millions de dollars.
L’UE a promis 50 millions d’euros, la France 8 millions. Un vrai défi financier, alors que les pays du G5 Sahel sont parmi les plus pauvres du monde et qu’ils ne peuvent mobiliser les 250 millions d’euros nécessaires cette force dans un premier temps, puis « 400 millions à plein exercice » selon Paris. Malgré les 130 millions de dollars prévus par les pays du Golfe, l’appel aux contributions internationales a jusqu’à présent été peu entendu.
Exécutions, arrestations arbitraires, tortures… une situation inquiétante au Sahel
D’autant que plusieurs ONG sont assez mitigées sur l’efficacité de cette mission, qui met davantage l’accent sur la collecte de fonds et de troupes, plus que sur la protection des droits de l’homme pour apaiser la région.
« La force militaire du G5 Sahel créée pour contrer les groupes armés islamistes dans la région doit respecter pleinement le droit international humanitaire et relatif aux droits humains dans ses opérations. Les gouvernements soutenant la force des cinq nations devraient également agir pour améliorer la gouvernance et l’état de droit dans la région. Ne pas le faire ne fera qu’augmenter le soutien local aux groupes armés et approfondir la crise de sécurité croissante », prévient Human Rights Watch dans un communiqué.
La situation des droits de l’homme est en effet devenue de plus en plus préoccupante en 2017, notamment au Mali. Depuis 2015, des combattants islamistes exécutent des chefs de village et des responsables locaux, tout en imposant la charia. «Le manque de sécurité dans certaines régions du nord et du centre a déjà entraîné la fermeture de plusieurs centaines d’écoles, ce qui est inacceptable», écrit Suliman Baldo, expert des Nations Unies.
S’ajoutent à cela les exécutions extrajudiciaires des forces maliennes, les tortures et des arrestations arbitraires contre des hommes accusés de soutenir des groupes armés islamistes et les abus sexuels commis par les soldats de la paix.
« Les missions internationales sont plus susceptibles d’accroître la violence que de la prévenir »
Des attaques qui ne font souvent pas de distinction entre combattants et civils et qui leur causeraient des préjudices disproportionnés. Human Right Watch rappelle que les abus contre les civils (meurtre, torture et autres mauvais traitements) peuvent constituer des crimes de guerre. L’ONG demande non seulement à la MINUSMA (mission de stabilisation du Mali par les Nations Unies) de multiplier les rapports publics sur les violations des droits par toutes les parties, mais aussi que la force du G5 Sahel veille à ne pas avoir recours à des groupes de milices aux comportements abusifs.
« La force du G5 devrait mettre en place des garanties et des mécanismes appropriés pour faire face aux violations des droits humains et aux abus qui pourraient être commis par ses troupes dans leurs opérations », renchérit Suliman Baldo, qui présentera un rapport sur la situation des droits de l’homme au Mali au Conseil des droits de l’homme en mars 2018.
« En termes simples, une approche axée sur l’armée ne résoudra pas les conflits dans la région dont le terrorisme n’est que la couche arable. Les missions internationales sont plus susceptibles d’accroître la violence que de la prévenir », analyse dans un article Amanda Clarkson, consultante en politique de développement et spécialiste de l’Afrique de l’Ouest.