L’Islam peut coexister avec la laïcité, a déclaré en substance ce jeudi le président François Hollande dans un discours aux airs de campagne électorale. Un discours qui entendait démontrer que la lutte anti-terroriste ne doit pas dévoyer les valeurs françaises.
Dans un plaidoyer pour la tolérance qui se voulait persuasif, le président de la République s’est posé en défenseur des musulmans de France, eux qui ont subi le contrecoup de la polémique estivale sur l’interdiction du burkini. « Rien dans le concept de laïcité ne s’oppose à la pratique de l’Islam en France, sous réserve que cette pratique respecte la loi », a-t-il affirmé lors d’un discours prononcé hier ayant pour thème « la démocratie face au terrorisme ». Tout en dénonçant « la stigmatisation des musulmans », il a tenu à rappeler que la laïcité n’était pas une « religion d’Etat », à brandir contre les autres religions.
Trente communes avaient publié cet été un arrêté décrétant l’interdiction du port du burkini sur les plages, ce qui a enclenché une polémique d’une ampleur rarement égalée entre partisans et pourfendeurs de ces mesures municipales. L’ordonnance du Conseil d’Etat du 26 août dernier a rejeté l’arrêté de Villeneuve-Loubet, précisant notamment qu’une « atteinte grave et manifestement illégale » a été portée « aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle ». Dont acte pour les autres municipalités concernées. Une décision que des personnalités politiques, surtout de droite comme Nicolas Sarkozy, ont tenté de passer outre, appelant à l’interdiction pure et simple du burkini. Il n’en fallait pas plus à François Hollande pour fustiger, en filigrane, celui qui se pose en opposant numéro 1 du chef de l’Etat, estimant qu’une telle interdiction serait « anti-constitutionnelle ».
« La démocratie est notre arme »
Prenant de la hauteur, le président en exercice a voulu déferrer le débat de la possibilité ou non d’une coexistence de l’Islam avec la laïcité, à l’instar des deux autres grandes religions du pays. « La question, c’est de savoir si les principes posés il y a un siècle peuvent s’accommoder de l’islam, maintenant que l’islam est devenu la deuxième religion de France. L’islam peut-il s’accommoder de la laïcité comme d’autres l’ont fait avant lui ? Peut-il admettre la séparation de la foi et de la loi, qui est le fondement de la laïcité ? », a-t-il questionné, prenant à témoin l’assistance de la salle Wagram. « Ma réponse est oui, certainement ».
Au-delà de ce rôle de garant des pratiques religieuses, François Hollande a aussi tenu à réaffirmer sa responsabilité dans la protection des valeurs de la démocratie, contre les appels de plus en plus nombreux et pressants pour une législation plus répressive, suite à la macabre série d’attaques terroristes qui ont frappé la France depuis près de deux ans et fait plus de 230 morts et des centaines de blessés. Le probable futur candidat à sa propre réélection a averti que la France ne sacrifierait pas ses valeurs fondamentales de liberté, d’égalité et de fraternité. « Je veux être le président d’une république qui protège les Français et la France. (…) L’histoire nous enseigne que, face à des périls bien plus graves, c’est quand la République a tenu bon qu’elle s’est élevée et c’est quand elle a cédé qu’elle s’est perdue », a-t-il proclamé. « La démocratie est notre arme ».