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Houssam El Assimi : « Mon procès est celui des rafles contre les migrants »

Un an après les faits qui lui sont reprochés, Houssam El Assimi comparait enfin ce matin tribunal, après deux renvois d’audience. L’homme, membre du collectif « La Chapelle Debout », collectif de soutien né de l’évacuation du camp du métro La Chapelle en juin 2015, apporte son aide aux migrants depuis plus de deux ans à Paris. Le 30 septembre 2016, Houssam El Assimi, après avoir été informé d’une possible intervention policière avenue de Flandres dans le 9e arrondissement de Paris, décide de venir prévenir les personnes dormant sur place. Il est alors emmené par la police avec violence et conduit dans un commissariat. Il est retenu en garde-à-vue pendant 27 heures et en sort avec trois jours d’interruption temporaire de travail (ITT) après constat du médecin. Lors de son interpellation, il raconte avoir entendu des propos racistes sur les migrants de la part des forces de l’ordre : « Poutine est courageux, les migrants, il en a fait de l’engrais ! », aurait dit l’un d’eux. Suite à son arrestation, Houssam El Assimi est accusé d’avoir frappé un policier, ce qu’il nie totalement.

« La rafle est un racisme d’état »

Pour ses activités, comme le militant Cédric Herrou condamné à plusieurs mois de prison pour avoir aidé des migrants à passer la frontière franco-italienne, Houssam El Assimi risque jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. Clamant son innocence, il espère une relaxe. Mais il entend bien profiter de son procès pour parler des nombreuses opérations d’évacuations et d’arrestations effectuées par la police depuis quelques mois à Paris et qu’il nomme les « rafles. » « On dénonce la criminalisation de la solidarité mais surtout la rafle qui est un dispositif raciste mis en place par l’état », souligne le militant. Selon le dictionnaire Larousse, une rafle est une opération policière exécutée à l’improviste dans un lieu suspect, en vue d’appréhender les personnes qui s’y trouvent et de vérifier leur identité. « C’est un contrôle au faciès général, une mise en spectacle de la police et une désignation de ces migrants comme des délinquants », ajoute Houssam El Assimi.

Une trentaine de rafles en seulement en quelques mois

Selon les chiffres du collectif la Chapelle Debout, une trentaine de « rafles » ont eu lieu entre le 31 juillet et le 31 décembre 2016. 4 000 personnes ont été arrêtées ces trois derniers mois à Paris, et ce sont près de 500 obligations de quitter le territoire qui ont été distribuées aux migrants, entravant les procédures de demande d’asile. Le collectif s’indigne également de la violence de la police envers les migrants. « A chaque fois, leurs maigres biens sont détruits, à savoir une tente et un sac de couchage. Au mois de juillet, la police a lâché des chiens sur eux et les ont aspergés de gaz lacrymogène », témoigne l’activiste.

Avec la « brigade anti-déportation » de son collectif, Houssam El Assimi se rend dans les aéroports pour empêcher les expulsions. Mais il est aussi présent dans les centres de rétention et dans les PRAHDA (Programme d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile, dispositif d’urgence mis en place en septembre 2016) pour apporter son soutien aux migrants. Bilingue français-arabe, il se veut être un traducteur précieux pour informer les migrants de leurs droits. Une activité qui dérange beaucoup la police et qui expliquerait l’acharnement dont il se dit victime.

Le centre humanitaire d’Anne Hidalgo jugé inefficace

Houssam El Assimi critique également les dispositifs d’hébergement mis en place par le gouvernement. « Le centre humanitaire crée par la maire de Paris, c’est un centre ‘humilitaire’ pour nous », dit-il. Saturé, inadapté, mal organisé, le centre du 18e arrondissement est en effet depuis plusieurs mois l’objet de critiques de la part des associations présentes sur place, comme Utopia 56 et Médecins sans Frontières. Aujourd’hui, Houssam El Assimi a pris la parole pour se défendre, accompagné par des migrants venus témoigner. Pour lui et son collectif, il est indispensable qu’ils soient écoutés : « Quand verrons nous enfin des exilé.e.s débouté.e.s de l’asile invité.e.s au micro des radio publiques ? » écrivent-ils dans leur communiqué de presse.

L’homme de 31 ans n’en est pas à son premier procès. Durant l’été 2016 il avait déjà été placé en garde à vue avec Aubépine Dahan, une autre militante du Collectif Parisien de Soutien aux Exilé.e.s. Après avoir organisé un rassemblement pour dénoncer les violences policières sur les migrants, ils s’étaient vus accusés de manifester illégalement. Pourtant leur demande à la préfecture avait été acceptée. Ils ont finalement été jugés puis relaxés. « Mon collectif et moi subissons beaucoup de pression. Mais notre engagement ne faiblit pas », promet le militant, qui veut continuer malgré tout à défendre les exilés, les « habitants du quartier. » Houssam El Assimi connaîtra la décision de la justice le 19 octobre prochain.

© Photo : Etat d’exception

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