En Iran, plus de 100 000 antennes paraboliques ont été détruites le 24 juillet par la milice des Bassidji, liée aux Gardiens de la révolution.
L’Iran a retrouvé sa place dans le concert des nations, après la levée de l’embargo décidée par la résolution 1973 de l’ONU, qui la frappait suite à ses travaux avancés sur le nucléaire. La diplomatie économique a donc repris ses droits, avec l’annonce de futurs contrats portant sur des dizaines de milliards de dollars. Les affaires ont repris. Mais le pouvoir de Téhéran conserve ses réflexes ultra-religieux. Ainsi de la destruction en place publique de près de cent mille paraboles saisies chez des particuliers.
Selon la milice de Bassidji, une officine des Gardiens de la révolution, « les télévisions satellitaires développent en général la corruption et corrompent la culture de notre société (…). Elles ont pour effet l’augmentation du nombre des divorces, le développement de la drogue et de l’insécurité. » Le général Mohamed Reza Naghdi, à l’origine de cette croisade, en a profité pour mettre en accusation le ministre de la Culture Ali Janati. Celui-ci milite pour un adoucissement d’une loi « violée par 70% des Iraniens ». Depuis la tentative de révolution verte en 2008, les autorités redoublent d’intensité leur chasse aux paraboles afin que la population ne puisse pas s’informer ou se divertir via des chaînes étrangères.
Un contrôle obsolète des images
A l’heure d’internet, du web triomphant et des réseaux sociaux tout puissants, cette vendetta peut paraître dérisoire. Depuis 1995, la théocratie utilise tous les moyens pour repérer les paraboles qui fleurissent sur les toits. Dans certaines régions, des hélicoptères sont utilisés, des policiers descendent en rappel les façades des immeubles pour traquer les boîtiers. Cette volonté d’éradication se heurte à la réalité : 40% des Iraniens consomment la télévision via ce mode de réception. Cela leur permet de recevoir une autre information, de rester en contact avec les groupes d’opposition ou tout simplement, déguster comme n’importe quel terrien les affres quotidiennes de la famille Kardashian.
En 2012, l’Ayatollah Khatami estimait que les chaînes satellitaires étaient utilisées par des pays étrangers pour « combattre l’Islam, la révolution islamique et la grande nation iranienne ». A Téhéran, les toits sont garnis de ces antennes. On estime que 65% des habitants de la capitale en possèdent une, principalement « pour regarder les divertissements » selon les témoignages. Cette lutte d’un autre âge dissimule également une réalité plus pragmatique : ils sont nombreux à soupçonner les Gardiens de la révolution de participer au marché noir des paraboles. En les confisquant. Puis en les revendant.