Les actes islamophobes déclarés ont baissé en ce début d’année 2016. Mais le CCIF appelle à rester vigilant, notamment dans le service public où ont lieu la plupart des actes antimusulmans.
Depuis le début de l’année, le Comité contre l’islamophobie en France (CCIF) a « enregistré 265 actes de discrimination, de haine ou de violence islamophobe ». L’organisation vient de publier son rapport semestriel pour 2016. Et, à première vue, les chiffres des actes islamophobes sont nettement en baisse par rapport à la même période un an plus tôt. En effet, entre janvier et juin 2015, le CCIF avait enregistré 489 actes, 396 en 2014. Faut-il y voir un léger mieux pour autant ? Selon le Comité, si « la baisse numérique est confirmée de 2014 à 2016 », elle ne s’expliquerait que « par une diminution des actes déclarés ». Autrement dit, les chiffres sont potentiellement sous-évalués.
L’Etat d’urgence a visé les musulmans
Cependant, même si le nombre d’agressions a largement baissé, « les actes visant des lieux de culte restent en progression », indique le CCIF, qui appelle « à la plus grande prudence dans l’évaluation du fait islamophobe, malgré un taux de report en progression ». L’organisation assure que « l’accentuation du sous-report des actes est un facteur d’inquiétude : il concorde avec l’institutionnalisation croissante des actes de discrimination, dont deux tiers ont lieu dans des services publics ». Le constat est effarant : « Les institutions restent le premier lieu où surviennent des cas de discriminations », affirme le CCIF, pour qui ces cas « pourraient être prévenus par simple rappel à la loi ».
Qui sont les victimes principales de ces actes antimusulmans ? Le rapport du Comité indique que « les femmes musulmanes, voilées ou non, restent les principales cibles des cas d’agressions et de discriminations islamophobes ». Des faits qui confirment l’inquiétude du CCIF, qui a plaidé la cause des femmes musulmanes devant l’ONU il y a quelques jours. D’autant que les agressions physiques lors du premier semestre de l’année ont, elles, concerné 100 % des femmes, continue le CCIF, qui constate également « une explosion des dossiers liés à l’état d’urgence ». En effet, 2 594 perquisitions ont eu lieu suite aux attentats ; seules six ont abouti à des enquêtes. A ce propos, le CCIF dénonce « un ciblage quasi-systématique des musulmans ».