Israa Jaabis, une mère palestinienne de Jérusalem âgée de 33 ans, est actuellement incarcérée à Hasharon, la seule prison israélienne pour femmes palestiniennes, après avoir été condamnée à onze ans de prison.
En 2015, elle a été accusée par Israël de tentative de meurtre après que sa voiture a explosé à un poste de contrôle, ce qu’elle a toujours nié, expliquant que c’était un accident involontaire. Depuis, Israa Jaabis souffre de brûlures au premier et au troisième degrés sur 60 % de son corps et dépend d’un codétenu pour l’aider à accomplir les tâches du quotidien. Elle souffre également de dépression nerveuse, de choc et de graves crises psychologiques.
Le groupe de défense des droits des prisonniers palestiniens, Addameer, explique qu’elle est désormais « incapable d’effectuer des activités quotidiennes comme manger, utiliser la salle de bain ou même changer de vêtements. »
« Alors que l’état de Jaabis nécessite des soins médicaux et psychologiques approfondis, les autorités israéliennes négligent complètement ses besoins les plus urgents », s’indigne également le groupe, cité dans un article d’Al Jazeera.
Jaabis aurait besoin d’au moins huit chirurgies, y compris une greffe de peau autour de son œil droit et d’une reconstruction faciale. Les gardiens de prison lui fourniraient seulement une pommade pour les brûlures, qu’elle utilise en quelques jours ainsi que des analgésiques.
« Je n’ai reçu qu’une seule visite de ma famille pendant mon incarcération »
Des souffrances et des négligences que d’autres prisonniers palestiniens dénoncent régulièrement. En avril dernier, 1 500 détenus avaient entamé une grève de la faim pendant 40 jours pour protester contre leurs conditions de détention, trouvant finalement un compromis après de longues négociations.
Dans le même temps, Amnesty International avait recueilli les témoignages de membres de familles et de prisonniers palestiniens détenus dans le système carcéral israélien. Ils montraient la souffrance endurée par les familles qui sont souvent confrontées à l’impossibilité de voir leurs proches détenus pendant de nombreuses années.
Ahmed, 32 ans, originaire d’Hébron, en détention administrative à la prison de Ketziot, dans le désert du Néguev, n’a reçu qu’une seule fois la visite de ses proches en cinq ans et demi de détention dans les geôles israéliennes entre 2005 et 2017.
« Je n’ai reçu qu’une seule visite de ma famille pendant mon incarcération. En 2006, ma mère et mon père ont pu me rendre visite, car mon père était souffrant. Il avait 75 ans, et c’est la dernière fois que je l’ai vu. Il est mort pendant que j’étais en prison », témoignait-il pour Amnesty.
1 000 prisonniers ne sont pas autorisés à recevoir la visite de leur famille pour des motifs de sécurité
Selon le porte-parole de la Commission chargée des Affaires des prisonniers palestiniens, Hasan Abed Rabbo, au moins 1 000 prisonniers ne sont pas autorisés à recevoir la visite de leur famille pour des « motifs de sécurité. »
« Au lieu de transférer illégalement les prisonniers en dehors des territoires occupés, Israël devrait faire en sorte que tous les Palestiniens qui y sont interpellés soient placés dans des prisons et des centres de détention situés dans les Territoires palestiniens occupés. En attendant, les autorités israéliennes doivent cesser de se servir des restrictions excessives des droits de visite pour sanctionner les prisonniers et leurs familles, et garantir que les conditions respectent pleinement les normes internationales », écrit Amnesty International dans un communiqué.
En plus de la levée des restrictions sur les visites des familles, les prisonniers souhaitent un meilleur accès aux soins médicaux, l’augmentation de la durée des visites de 45 à 90 minutes, l’amélioration des conditions de détention, moins de restrictions concernant l’entrée des livres, des vêtements, de la nourriture et d’autres cadeaux apportés par leurs familles. Ils demandent également le rétablissement de centres éducatifs et l’installation de téléphones pour permettre aux prisonniers de communiquer avec leur famille.
Plus de 300 mineurs détenus comme Ahed Tamimi
Selon l’association Addameer, la plupart des habitants de Cisjordanie qui rendent visite à des proches détenus mettent entre huit et quinze heures pour se rendre à la prison, en fonction de l’endroit où se situe la prison et de leur lieu de résidence. Ils sont soumis aussi à des palpations et fouilles au corps. Une façon de décourager les familles d’aller rendre visite aux détenus.
Récemment, Amnesty a aussi dénoncé la détention de Ahed Tamimi, arrêtée le 19 décembre dernier et qui fait partie des 350 autres mineurs palestiniens des prisons et centres de détention israéliens (selon les chiffres de Addameer).
« L’arrestation et le procès militaire d’Ahed Tamimi témoignent du traitement discriminatoire qu’infligent les autorités israéliennes aux mineurs palestiniens qui osent défier la répression, souvent brutale, menée par les forces occupantes », pointe du doigt l’organisation des droits humains dans un communiqué.
« Israël bafoue effrontément les obligations qui lui incombent au titre du droit international s’agissant de protéger les mineurs de sanctions pénales trop sévères », a également ajouté Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International.