C’est sous le commandement du touareg malien Iyad Ag Ghali – ennemi public n°1 au Mali et dans la région sahélienne – qu’Ansar Dine, Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) et le Front de Libération de Macina ont annoncé hier avoir uni leurs forces, et prêté allégeance à Al Qaïda et à son émir, l’Egyptien Aymen al Zawahari. Le groupe Ansar Dine, dirigé par le même Ag Ghali, est né au début des années 2000 et a été l’un des protagonistes de l’occupation du nord du Mali en 2012, avant d’en avoir été délogé à la faveur de l’intervention armée française. AQMI, que dirige l’Algérien Djamel Okacha alias Yahia Abou el Hammam, a sévi au sud de l’Algérie principalement. Quant au tout récent Front de Libération de Macina, institué il y a deux ans au centre du Mali, est commandé par le prédicateur peul Amadou Koufa.
L’Afrique, nouvel eldorado du djihadisme terroriste
Selon Bakary Sambe, spécialiste du terrorisme dans la région du Sahel à l’Institut Tombouctou, cette fusion de forces djihadistes est d’abord une réponse à l’accroissement de la pression militaire contre le terrorisme au Sahel. Ce faisant, Jamaat Nasr al Islam wal Muslimin devient aussi un outil pour contrecarrer la concurrence – certes lente mais croissante – de l’Etat islamique (EI) sur le continent. L’EI compte désormais trois filiales en Afrique, issus d’une triple scission des Shebab en Somalie, de Boko Haram au Nigéria et d’AQMI au Sahel. « La présence et le leadership de Iyad Ag Ghali dans cette nouvelle formation terroriste vient confirmer que le Mali est le véritable épicentre du djihadisme au Sahel », affirme Bakary Sambe. « C’est à partir de ce pays que sont organisées et lancées des opérations terroristes dans des pays voisins comme le Niger, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso », poursuit-il. L’union d’AQMI, d’Ansar Dine et du Front de Libération de Macina représente en tout cas la première stratégie d’unification du djihadisme au Sahel depuis 2012, quand l’intervention française a atomisé les groupes alors actifs dans la zone. « L’intention [de Jamaat Nasr al Islam wal Muslimin] est d’être plus efficace et de poursuivre le processus d’internalisation de la violence », ajoute Sambe, qui insiste : « L’Afrique est de plus en plus au coeur des intérêts des grands groupes terroristes« .